EXPLOSION DE TéLéAVERTISSEURS AU LIBAN : LA CHAîNE D’APPROVISIONNEMENT PROBABLEMENT INFILTRéE

La série d’explosions de téléavertisseurs visant des membres du Hezbollah au Liban mardi pourrait s’expliquer par une infiltration de la chaîne d’approvisionnement de ces appareils, dont le mouvement libanais a acquis des milliers d’exemplaires depuis quelques mois, estiment des experts.

Après cette vague d'explosions, il est apparu que de petites quantités d'explosifs, 20 grammes selon certaines estimations, avaient été dissimulées dans des milliers de téléavertisseurs utilisés par le Hezbollah, puis déclenchées à distance.

Des experts en sécurité ont émis l'hypothèse que les services de renseignement avaient pu infiltrer la chaîne d'approvisionnement et accéder aux téléavertisseurs pour y dissimuler des explosifs.

Dans le monde de l'électronique et de l'informatique, de nombreux acteurs interviennent dans la chaîne d'approvisionnement, selon Oleg Brodt, responsable de la recherche, développement et de l'innovation au centre de recherche sur la cybersécurité de l'université Ben-Gourion en Israël.

Il s'agit notamment des fabricants de matériel, des fabricants de logiciels et des différentes pièces provenant de différents endroits.

La batterie provient d'une usine, les puces d'une autre et les modems viennent d'ailleurs , a expliqué M. Brodt.

Enfin, le dernier assemblage s’effectue dans une usine, qui a son tour, peut également fabriquer certains des composants de l'appareil.

Mais les experts estiment qu'il est difficile de déterminer exactement où la chaîne d'approvisionnement a été infiltrée, étant donné le nombre de points d'entrée potentiels.

Le logiciel pourrait être préprogrammé

Le logiciel pourrait être programmé à l’avance, a indiqué Josep Jornet, professeur d'ingénierie électrique et informatique à l’université Northeastern.

Il a ajouté qu'il pourrait également s'agir d'un logiciel qui n'a pas été préprogrammé pour un moment précis, mais qui a été préprogrammé pour réagir à un message précis envoyé par ceux qui ont infiltré la chaîne d'approvisionnement et installé les explosifs.

Pour connaître les dernières nouvelles concernant la guerre au Proche-Orient, consultez notre couverture en direct

M. Jornet a cité des articles de presse selon lesquels tout le monde a reçu le même type de message, apparemment aléatoire, à peu près au même moment, mais qui contenait probablement un code ou le bon mot de code pour déclencher l'explosion.

Elijah J. Magnier, un analyste militaire et politique basé à Bruxelles, a déclaré à l'Associated Press qu'il pense que les explosions semblaient avoir été déclenchées par un message d'erreur envoyé à tous les appareils, qui les faisait vibrer, obligeant l'utilisateur à cliquer sur les boutons pour arrêter la vibration.

M. Magnier a indiqué qu'il s'était entretenu avec des membres du Hezbollah et des survivants de l'attaque, qui soupçonnent que les explosifs utilisés étaient peut-être du RDX ou du PETN, des substances hautement explosives qui peuvent causer des dégâts considérables avec seulement trois à cinq grammes d'explosif.

Probablement des années de préparation

Emily Harding, directrice du programme sur le renseignement, la sécurité nationale et la technologie au Center for Strategic & International Studies, à Washington, a déclaré que l'élément essentiel du renseignement était de savoir que le Hezbollah prévoyait de passer aux téléavertisseurs.

L'étape suivante consiste à découvrir où le Hezbollah cherchait à acquérir de tels dispositifs et s'il était possible de les devancer et de les orienter vers une société ou un récepteur particulier qui serait plus facile à manipuler, a-t-elle déclaré.

Selon Mme Harding, l'opération aurait également pu impliquer la création d'une société de façade pour prendre part au processus de la chaîne d'approvisionnement, ce qui signifie que l'opération a pu prendre beaucoup de temps.

C'est le genre de chose qui prend des années à mettre en place.

Société-écran

Au lendemain des explosions des téléavertisseurs, le fabricant taïwanais Gold Apollo a indiqué qu’il avait un contrat avec une compagnie basée en Hongrie, portant le nom de B.A.C Consulting, qui l’autorisait à utiliser sa marque.

Selon des officiers du renseignement interrogés par le New York Times, il s’agit d’une société-écran israélienne, soulignant qu’au moins deux autres sociétés-écrans ont été créées pour dissimuler l’identité des fabricants des téléavertisseurs, qui étaient selon les experts des agents du renseignement israélien.

Avec les informations de Mark Gollom, de CBC News, et du New York Times

2024-09-19T21:47:54Z dg43tfdfdgfd