UNE EX-PROCHE DE TRUMP TéMOIGNE DE L’IMPACT DE SCANDALES SEXUELS SUR SA CAMPAGNE DE 2016

Le procès criminel de Donald Trump est passé à la vitesse supérieure, vendredi, avec le témoignage crucial d'une ancienne collaboratrice qui se trouvait au cœur de sa campagne présidentielle de 2016. Hope Hicks a témoigné de l'impact considérable qu'ont eu sur sa campagne les allégations sur ses relations avec les femmes, dans les semaines précédant l'élection.

C'est la première fois depuis le début du procès que comparaît un membre de l'équipe de campagne de 2016 de M. Trump, accusé par les procureurs d'avoir cherché à favoriser illégalement sa victoire électorale.

Je suis très nerveuse, a avoué Hope Hicks dès le début de son témoignage, ponctué par des rires, mais aussi des pleurs.

La comparution de Mme Hicks, qui a la réputation d'éviter les projecteurs, semble avoir donné des munitions aux deux parties.

Interrogée sur la diffusion, quelques semaines avant le scrutin de novembre 2016, de l'enregistrement sur lequel on entendait Donald Trump se vanter de pouvoir « attraper » les femmes par leur sexe en toute impunité, l'ancienne porte-parole de sa campagne a expliqué l'émoi que cet épisode avait provoqué au sein de l'équipe de campagne.

Quand on est une vedette, [les femmes] nous laissent faire. On fait tout ce qu'on veut, entendait-on dire le candidat républicain à la présidence.

La couverture médiatique qui a suivi a éclipsé tout le reste, supplantant même l'annonce d'un ouragan de catégorie 4, s'est-elle rappelée. Il n'y en avait que pour Trump tout le temps pendant les 36 heures qui ont suivi.

La stratégie, qu'elle a suggérée dans un courriel : Nier, nier, nier.

Avant que le Washington Post ne rende l'enregistrement public, M. Trump lui a dit que les commentaires ne ressemblaient pas à quelque chose qu'il pourrait dire.

Ce dernier a fini par présenter publiquement des excuses pour des propos qu'il a décrits comme des « discussions de vestiaire ».

Les procureurs ont demandé à Hope Hicks si le candidat républicain avait peur que ces informations ne lui nuisent auprès des électeurs. Oui, a-t-elle répondu.

Ceux-ci affirment que la diffusion de cet enregistrement a servi de catalyseur au paiement secret versé à l'ancienne actrice de cinéma pornographique Stormy Daniels, qui affirme avoir eu une relation sexuelle avec Donald Trump.

La vidéo, arguent-ils, a semé la panique au sein de l'équipe de campagne du candidat républicain, qui ne pouvait pas se permettre un autre scandale sexuel.

Dans cette affaire, l'ancien président américain est accusé d'avoir falsifié des documents financiers pour dissimuler le remboursement du paiement versé à Stormy Daniels, le tout s'inscrivant dans un « plan criminel pour corrompre l’élection de 2016 ».

Hope Hicks, qui était une collaboratrice loyale de M. Trump, l'a décrit en termes positifs, le présentant entre autres comme un travailleur acharné, très impliqué dans les messages de sa campagne, mais a aussi dit s'être sentie respectée.

Après avoir travaillé pour sa fille, Ivanka, puis pour la Trump Organization, Hope Hicks, alors âgée d'à peine 26 ans, a été recrutée pour la campagne du candidat républicain. Elle a ensuite suivi Donald Trump à la Maison-Blanche, où elle a assumé diverses responsabilités, dont celles de directrice des communications jusqu’en 2018.

Hope Hicks, qui a été assignée à comparaître, a affirmé que la dernière fois où elle avait parlé à Donald Trump remontait à l'été ou à l'automne 2022. En octobre de la même année, elle a témoigné devant le comité sur l'assaut du Capitole du 6 janvier 2021.

Selon plusieurs médias américains, l'annonce de la comparution de Hope Hicks a fait réagir plusieurs personnes dans la salle d'audience.

D'autres scandales sexuels allégués

Peu après l'épisode relaté par le Washington Post, le Wall Street Journal contactait à son tour Hope Hicks pour recueillir une réaction avant la publication d'un article cette fois sur une entente de confidentialité conclue avec une présumée maîtresse de Donald Trump.

Quatre jours avant le scrutin, le média a fait état de l'accord en vertu de laquelle le groupe de presse American Media Inc. (AMI) avait mis le couvercle sur des allégations de l'ancienne playmate Karen McDougal, qui affirme avoir entretenu une relation avec lui entre 2006 et 2007.

La campagne a répondu ne rien savoir de cet accord et rejeté l'affirmation totalement fausse d'une quelconque liaison.

Le reporter du Wall Street Journal qui écrivait l'article a par ailleurs indiqué à Hope Hicks au téléphone que le nom de Stormy Daniels serait mentionné.

Donald Trump voulait s'assurer qu'il y ait un démenti de toute sorte de relation entre eux, a soutenu Mme Hicks.

Il voulait également éviter que sa femme, Melania, voie l'article, a-t-elle dit.

Tout ce dont nous parlions pendant cette période tournait autour de l'impact que les choses [avaient] ou non sur la campagne, a-t-elle cependant ajouté.

La semaine dernière, l'ex-PDG du groupe de presse AMI, David Pecker, a témoigné du paiement 150 000 $ US que son entreprise a versé à Mme McDougal pour avoir les droits exclusifs sur son histoire dans le but d'enterrer un scandale qui aurait pu nuire à son ami Donald Trump.

La défense argue que Donald Trump voulait enterrer les histoires défavorables afin de protéger sa famille et sa réputation; les procureurs avancent que ses motivations étaient essentiellement électoralistes.

Donald Trump a parlé du paiement fait à Stormy Daniels

Hope Hicks a soutenu que Donald Trump lui avait parlé du paiement versé à Stormy Daniels à une occasion, à la mi-février 2018, un peu plus d'un an après son accession à la présidence.

Cette conversation aurait eu lieu au lendemain d'un article du New York Times dans lequel Michael Cohen affirmait avoir payé 130 000 $ US à Stormy Daniels à l'insu de Donald Trump.

M. Trump a dit avoir parlé à Michael et que Michael avait payé cette femme pour le protéger d'une fausse allégation. Et que Michael avait le sentiment que c'était son travail de le protéger, et c'est ce qu'il avait fait, a témoigné Mme Hicks.

Elle a admis que cette version était incompatible avec sa propre perception de Michael Cohen.

À mes yeux, Michael n'est pas une personne particulièrement charitable ou altruiste, a-t-elle affirmé, le décrivant plutôt comme quelqu'un qui cherche à se mettre en valeur.

M. Trump a ajouté qu'il pensait que c'était une chose généreuse à faire et qu'il appréciait la loyauté, a-t-elle poursuivi. M. Trump trouvait que c'était préférable d'avoir à gérer ça [à ce moment-là] et que ça aurait été une mauvaise chose que cela sorte avant l'élection , a-t-elle témoigné.

Michael Cohen soutient aujourd'hui avoir été remboursé et récompensé par Donald Trump, en plusieurs paiements faussement identifiés comme des honoraires, pour une somme totalisant 420 000 $ US entre février et décembre 2017.

Il a purgé une peine d’emprisonnement après avoir reconnu, notamment, avoir enfreint les lois fédérales sur le financement électoral en lien avec cette affaire.

Michael Cohen, un « réparateur » nuisible

L'ancienne collaboratrice de Donald Trump a éclaté en pleurs au début du contre-interrogatoire, ce qui a amené le juge à décréter une pause.

Les avocats de la défense l'ont ensuite interrogée sur Michael Cohen, qui, avancent-ils, a agi dans cette affaire sans en informer leur client.

À certains moments, il essayait de s'immiscer [dans la campagne], mais il n'était pas censé en faire partie d'une quelconque façon à titre officiel, a soutenu l'ancienne collaboratrice de Donald Trump.

Il arrivait à Michael Cohen de jouer en solo, a-t-elle acquiescé.

Il y a eu des moments où M. Cohen a posé des gestes qui, selon vous, n'étaient pas utiles à ce que vous essayiez d'accomplir, n'est-ce pas?, a demandé Emil Bove à Mme Hicks, qui a répondu par l'affirmative.

Elle a en outre fait allusion à la réputation de l'ancien avocat de régler les problèmes de Donald Trump.

L’ordonnance de bâillon « ne vous empêche pas de témoigner »

Le juge Juan Merchan a par ailleurs commencé l'audience en assurant Donald Trump de son droit absolu à témoigner s'il le désire.

Elle ne vous interdit pas d'aller à la barre, a-t-il expliqué.

Jeudi, à sa sortie de l'audience, Donald Trump s'est adressé aux journalistes en prétendant que l'ordonnance l'empêchait de témoigner, l'affirmant à au moins trois reprises. Il s'est tourné vers son avocat, Todd Blanche, qui a acquiescé.

Je ne suis pas autorisé à témoigner parce que ce juge – qui est totalement en conflit d'intérêts – me soumet à une ordonnance de bâillon inconstitutionnel. Personne n'a jamais eu ça auparavant, et nous n'aimons pas ça, ce n'est pas juste.

Avant le procès, le juge Merchan a interdit à Donald Trump de s'en prendre publiquement aux témoins, aux jurés et au personnel du tribunal, une restriction qu'il a ensuite étendue aux membres de sa propre famille et à celle du procureur du district de Manhattan.

Le politicien de 77 ans conserve le droit de critiquer le juge Merchan et le procureur du district de Manhattan, Alvin Bragg.

Mardi, le juge Merchan a conclu que Donald Trump avait contrevenu à neuf reprises à l'ordonnance du tribunal et l'a soumis à une amende de 9000 $ US.

En fin d'après-midi, vendredi, CNN a affirmé que M. Trump avait acquitté la somme.

Le juge doit encore se prononcer sur quatre autres violations potentielles soumises par les procureurs.

L'audience de vendredi a aussi donné lieu au contre-interrogatoire d'un analyste du bureau du procureur de Manhattan qui traite les preuves numériques.

La défense a suggéré que des conversations téléphoniques enregistrées secrètement et présentées au jury auraient pu être manipulées.

Au premier jour de son témoignage, les procureurs ont fait jouer un extrait d'une conversation téléphonique enregistrée à l'insu de M. Trump par Michael Cohen en septembre 2016, deux mois avant la présidentielle.

Les deux hommes semblent y parler des démarches entreprises pour acheter le silence de Karen McDougal. Donald Trump suggère à son interlocuteur de payer « comptant ».

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