BUDGET FéDéRAL 2024 : UN SPECTACLE à GRAND DéPLOIEMENT

Justin Trudeau a donné le coup d’envoi d’une production digne de Broadway cette semaine. D’ici le budget du 16 avril, le premier ministre égrainera le contenu de son budget dans une série de points de presse aux quatre coins du pays. Qu'est-ce qui se cache derrière cette stratégie de communication?

Mercredi, Justin Trudeau et pas moins de 14 ministres ont annoncé de façon coordonnée de nouvelles mesures pour venir en aide aux locataires.

En coulisse, les libéraux expliquent qu’ils veulent mettre en valeur les nouveaux engagements du gouvernement, qui se trouvent souvent noyés dans la couverture médiatique de la journée du dépôt du budget. La solution : une grande prévente plutôt que du service après-vente.

Cependant, quand on y regarde de plus près, Justin Trudeau tente quelque chose de plus ambitieux. Toujours à plat dans les sondages, il souhaite reprendre le contrôle du récit narratif et de ses priorités face à un adversaire pugnace.

Dans son discours de mercredi, le premier ministre a repris à son compte des thèmes déjà exploités par le chef conservateur Pierre Poilievre. J’ai parlé à trop de jeunes ces jours-ci pour qui l’avenir n’est pas aussi prometteur que ç'a été pour les générations antérieures, a dit le premier ministre.

Les contours de la prochaine campagne

Le décor est donc installé. Les libéraux tentent de renouer avec le thème de la classe moyenne par la lorgnette de la jeune génération. Les stratèges de Justin Trudeau ont les millénariaux et la génération Z dans leur mire. Nous nous concentrons donc maintenant à aider les jeunes Canadiens qui font face à un fardeau injuste à accéder à ce qu'ils méritent : une bonne vie dans la classe moyenne. Cela veut dire le logement, l’abordabilité, les emplois et la croissance, disait une source libérale cette semaine.

Les sondages à l’échelle nationale montrent que ce groupe d'électeurs clé a migré vers la bannière de Pierre Poilievre ces derniers mois.

Toutefois, au-delà des votes, les libéraux cherchent quelque chose de plus profond. Justin Trudeau tente de trouver une bougie d’allumage, un catalyseur qui va porter ses troupes jusqu’à la prochaine campagne électorale. En 2024, quelle est la raison d’être du gouvernement libéral? Cette offensive médiatique vise à tester les eaux et certains messages.

Pierre Poilievre, lui, a clairement défini ses quatre priorités et a déjà commencé à les imprégner dans l’esprit des électeurs.

Les moyens de ses ambitions?

Si on soulève le coin du rideau, on s’aperçoit que cette stratégie de communication libérale cache une situation économique incertaine et des ressources limitées. Les libéraux cherchent à donner une impression d’abondance dans les annonces, mais tout indique qu’ils ne pourront pas être aussi généreux avec les nouveaux investissements.

D’ailleurs, les nouvelles mesures annoncées cette semaine, dans les deux chantiers majeurs que sont le logement et les services de garde, totalisent 133 millions de dollars en investissements directs (et 1 milliard en prêts). Pour l'instant, cela peut sembler bien peu comparativement aux 30 milliards déjà versés par Ottawa aux provinces et aux territoires dans le cadre de son programme fédéral d’apprentissage et de garde d’enfants, par exemple.

La ministre des Finances a peu de marge de manœuvre. Début mars, le directeur parlementaire du budget (DPB) prévoyait pour cette année une croissance économique modeste qui va peser lourd sur les coffres du gouvernement.

Le DPB estimait que le déficit fédéral augmentera pour atteindre 46,8 milliards de dollars lors de l'exercice en cours (sans l’ajout de nouvelles mesures), dépassant ainsi l’estimation de 40 milliards du gouvernement l’automne dernier.

Dans ce contexte, le défi des libéraux consiste à convaincre qu’ils sont capables d’avoir un impact réel dans la vie des Canadiens sans avoir beaucoup de puissance fiscale à leur disposition.

Le terrain de jeu des provinces

Pour son exercice budgétaire, le premier ministre n’hésite pas à mettre une nouvelle fois le pied dans les champs de compétence des provinces, quitte à s’attirer de vives critiques.

Il y a quand même des risques à cette stratégie qui pourrait donner des munitions supplémentaires au Bloc québécois et au Parti conservateur en vue des prochaines élections fédérales. Ces derniers accusent déjà les libéraux de mépriser l’autonomie du Québec et d’imposer leurs volontés aux provinces.

Les stratèges libéraux à Ottawa estiment que les Canadiens ne se soucient pas des chicanes de compétences et souhaitent voir les divers ordres de gouvernement travailler ensemble sur les questions prioritaires comme le logement et les garderies. À leurs yeux, le jeu en vaut la chandelle.

Justin Trudeau tente toujours de faire remonter la courbe des sondages et de renouer avec un électorat qui ne semble plus l’écouter.

À ce moment-ci, tous les moyens sont bons pour tenter de se faire entendre.

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