DE JEUNES NUNAVUMMIUT SE FAMILIARISENT AVEC LES RISQUES DE LA RAGE

Identifier les signes avant-coureurs d’une infection de rage chez un animal ou encore savoir quoi faire après une morsure sont quelques-unes des notions que peuvent maintenant apprendre en classe des élèves de 5e et 6e année du Nunavut. La branche de Vétérinaires sans frontières (VSF) en Amérique du Nord a récemment mis sur pied un programme de prévention de la rage censé répondre au manque d’éducation en la matière.

La gestionnaire des programmes du Nord canadien de l'organisme à but non lucratif VSF, Marieke Van Der Velden, affirme que le programme vise surtout à sensibiliser les jeunes aux risques de la rage et aux manières de la prévenir.

Il y a un manque de connaissance général [chez les jeunes] entourant la rage, que ce soit son impact sur les animaux sauvages, sur les chiens susceptibles d'interagir avec le renard, sur eux-mêmes et sur leur communauté, soutient-elle.

Au Nunavut, il arrive occasionnellement que des animaux sauvages, principalement des renards, soient infectés par cette maladie infectieuse presque toujours mortelle.

Depuis le 1er janvier 2021, 20 renards et quatre chiens ont reçu un résultat positif à un test de dépistage de la rage, selon le ministère territorial de la Santé.

Seuls les renards ayant été en contact avec des humains ou des animaux domestiques sont testés pour la rage; et généralement, seuls les chiens décédés pour lesquels la rage est suspectée sont testés, précise la porte-parole du ministère, Pam Coulter.

Lancée jeudi, la formation est offerte en anglais, dans deux dialectes régionaux de l’inuktitut ainsi qu’en inuinnaqtun. À l’heure actuelle, elle est accessible dans les six communautés partenaires de VSF au Nunavut, à savoir Kimmirut, Qikiqtarjuaq, Igloolik, Kugluktuk, Gjoa Haven et Taloyoak.

Elle comprend quatre leçons de 45 minutes accompagnées de présentations PowerPoint, de documents à distribuer et d’une section de commentaires destinée à la rétroaction des enseignants.

Des réalités vécues différentes

Charlotte Miller, une enseignante de 6e et 7e année à l’école Inuksuit de Qikiqtarjuaq, a récemment testé le programme auprès de ses élèves. Elle est d’ailleurs l’une des cinq enseignantes du Nunavut qui ont contribué à son élaboration.

Ça s'est vraiment très bien passé. Les enfants l’ont tout de suite compris et c’était vraiment simple à utiliser pour moi. Il y avait même des photos de mes élèves dans la communauté dans le diaporama, alors ils ont adoré ça, dit-elle.

La force de la formation repose d’ailleurs sur l’inclusion d’illustrations, de photographies et de références qui sont familières aux élèves, selon l’enseignante.

Au Nunavut, le système d’éducation s’appuie sur le cursus scolaire de l’Alberta. Charlotte Miller note qu’il peut parfois être ardu de rendre pertinents pour un public du Nord des programmes conçus dans le Sud, car les réalités vécues y sont bien différentes.

Bien qu’ils soient en contact quotidiennement avec ces animaux, dit-elle, les jeunes ne sont pas suffisamment informés sur les risques de la rage et, d’ordre général, sur le comportement des chiens. Elle associe cette tendance au manque d’éducation et aux soins très limités offerts aux animaux dans les collectivités.

Charlotte Miller croit que le programme de prévention de la rage élaboré par VSF pourrait facilement être intégré au programme d’enseignement du ministère de l’Éducation.

Nous entendons beaucoup d'enfants qui ont peur des chiens, c’est pourquoi nous espérons que cette formation leur donnera un peu plus de connaissances qui les aideront à se sentir en sécurité durant leurs interactions [avec des chiens] et à transmettre ce qu’ils ont appris à leur famille, complète quant à elle Marieke Van Der Velden.

Elle indique que l’une des prochaines étapes sera de mettre le programme à disposition des cinq communautés partenaires de VSF aux Territoires du Nord-Ouest.

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