De nouvelles données de Statistique Canada indiquent que de plus en plus de Québécois qui ne consomment pas de tabac se tournent vers la vapoteuse.
Le nombre de non-fumeurs adeptes de la vapoteuse a augmenté de 111 % entre 2017 et 2021 dans la province. Par ailleurs, une immense majorité (86 %) de ces personnes sont des jeunes âgés de 12 à 24 ans. « On n’est pas sur une trajectoire rassurante », s’inquiète la codirectrice et porte-parole de la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac (CQCT), Flory Doucas.
La CQCT a obtenu ces données auprès de Statistique Canada et les a fait analyser par la société de conseil en économie Groupe d’analyse. Parmi les autres chiffres marquants, on constate que le vapotage est près de quatre fois plus répandu chez les 12 à 24 ans que chez les 25 ans et plus.
« Les produits sont extrêmement attrayants et faciles d’usage, déplore Flory Doucas. Quand on regarde d’autres rapports sur le sujet, on voit que les saveurs jouent un grand rôle sur l’attrait envers les produits. » Elle estime également que les produits de vapotage sont désormais grandement accessibles aux jeunes, ce qui s’avérerait une nuisance. « Les produits sont très répandus, ce qui explique pourquoi on ne les retrouve pas uniquement chez les gens qui en bénéficient le plus, c’est-à-dire des anciens fumeurs. »
Pour Flory Doucas, ainsi que pour sept autres intervenants du milieu de la santé et du sport qui s’expriment dans un communiqué de presse sur le sujet, dont le pédiatre Nicolas Chadi et la directrice générale de l’Association pulmonaire du Québec, Dominique Massie, des mesures doivent être mises en place pour freiner ces hausses. Mme Doucas propose notamment l’interdiction des produits de vapotage aromatisés.
« Les jeunes adultes qui n’ont jamais fumé sont accros à ces produits-là, c’est un marché en développement, note-t-elle. C’est cette part-là qui augmente. »
Elle ajoute que cette réglementation n’aurait pas à être appliquée aux produits homologués par Santé Canada. « Si [les entreprises qui vendent des produits de vapotage] ont si confiance en leurs produits, elles n’ont qu’à les faire homologuer », s’exclame-t-elle. Une telle réglementation ferait en sorte que les boutiques de vapotage ne pourraient vendre que des produits à saveur de tabac, tandis que ceux qui sont aromatisés et homologués seraient dorénavant vendus en pharmacie.
Selon les données analysées, les fumeurs de tabac demeurent les plus grands adeptes de vapotage au Québec, suivis par les anciens fumeurs, puis les non-fumeurs.
Les tensions sont actuellement palpables dans le milieu québécois du vapotage. Au début du mois de mars, le journal La Presse a dévoilé qu’un projet de règlement pour interdire les saveurs dans les produits de vapotage avait été remis au ministre de la Santé, Christian Dubé. Son adoption serait prévue dans les prochaines semaines.
Cela n’a pas manqué de choquer la Coalition des droits des vapoteurs du Québec (CDVQ), qui milite contre une interdiction des saveurs de vapotage. Il n’a pas été possible de joindre l’organisation dimanche, en après-midi. Un communiqué publié le 2 mars dernier par le groupe affirme toutefois qu’« abolir les saveurs dans le vapotage priverait des dizaines de milliers de Québécois et de Québécoises d’un moyen reconnu et efficace pour arrêter de fumer ».
Le groupe souligne également que Santé Canada affirme que le vapotage peut aider à mettre fin à sa consommation de tabac. « Bien que la science continue d’évoluer, les données probantes suggèrent que le fait de vapoter des produits contenant de la nicotine (en utilisant des cigarettes électroniques) peut aider les adultes à cesser de fumer », peut-on lire sur le site de Santé Canada.
La CDVQ organise une manifestation lundi matin, au centre-ville de Montréal, pour manifester contre l’abolition des saveurs dans les produits.
En décembre dernier, le gouvernement du Québec avait annoncé que la taxe sur les produits de vapotage allait doubler à compter de l’automne 2023. Une nouvelle initiative du gouvernement, cette fois concernant les parfums de vapotage, réjouirait Flory Doucas. « Le politique semble reconnaître son rôle pour mieux protéger les jeunes », soutient-elle.
2023-03-20T04:29:24Z dg43tfdfdgfd