DES POMPIERS DE WINNIPEG SONNENT L’ALARME APRèS LA MORT D’UN DE LEURS COLLèGUES

Après la mort d’un de leurs collègues, des pompiers de Winnipeg réclament un meilleur soutien en santé mentale pour les premiers répondants. Leur collègue, Preston Heinbigner, 40 ans, s’est suicidé le mois dernier.

Avertissement :

Ce texte aborde le thème du suicide et pourrait être troublant pour certains lecteurs.

Plusieurs pompiers veulent que la mort de Preston Heinbigner soit classée comme une mort survenue dans l'exercice de ses fonctions.

Dalain Gagne est un ami de Preston Heinbigner et il exerce le métier de pompier depuis longtemps.

Quand un pompier meurt dans l'exercice de ses fonctions, cela représente le sacrifice ultime qu'il fait au prix de sa vie dans un feu ou au service de sa communauté, affirme-t-il.

Dalain Gagne ajoute que si la mort de Preston Heinbigner est classée comme une mort survenue dans l'exercice de ses fonctions, cela permettrait aussi à sa famille d’obtenir les prestations nécessaires pour honorer sa mémoire et son héritage.

Ken Garon s'estime chanceux d’avoir pu travailler aux côtés de M. Heinbigner. Il décrit son ancien collègue comme charismatique et extrêmement intelligent.

Il était un rassembleur et une personne qui inspirait la confiance, se souvient-il. Il donnait l'impression que tout était facile.

Cependant, derrière cette façade, Preston Heinbigner affrontait ses démons intérieurs, raconte Ken Garon.

Les deux hommes ont eu plusieurs discussions au sujet de la douleur et du syndrome de stress post-traumatique, car ils répondaient à des appels liés au suicide et à l'épidémie de drogue au quotidien. Selon Ken Garon, Preston Heinbigner tentait tant bien que mal de gérer ces maux intérieurs.

Preston était le genre de personne qui se préoccupait tellement de tout le monde, même les gens qu'il ne connaissait pas, affirme Ken Garon. Il voulait qu'ils aillent mieux.

Travailler en zone de guerre

Selon Dalain Gagne, la nature des appels que les premiers répondants reçoivent a radicalement changé au cours des cinq dernières années.

La crise des opioïdes, la consommation de drogues, la violence, on appelle ça une zone de guerre. On commence notre quart et on répond à un appel après l’autre, affirme-t-il. On voit des choses qui restent avec nous.

Ken Garon estime qu’auparavant les premiers répondants intervenaient dans des cas de surdoses ou des tentatives de suicide quatre ou cinq fois par an. Il affirme que maintenant, les premiers répondants gèrent ces genres de cas entre quatre et cinq fois par jour. C'était la réalité de Preston.

De nombreux répondants sont aussi réticents à avouer qu'ils font face à des défis.

C'est difficile d'être direct et de dire qu'on ne va pas bien. Je pense que Preston a essayé de le faire, mais il n'était pas vraiment à l'aise d’être complètement honnête et c'est ça qui est triste , se désole M. Gagne. Nous l'aimions tellement, et le fait qu'il ait eu l'impression de ne pas pouvoir être franc et honnête. C’est une vraie tragédie.

Il ne faut pas que Preston soit mort en vain, affirme-t-il.

Pour Dalain Gagne, la mort de son ami doit être un appel à l'action. Il estime qu'il faut faire en sorte que les premiers répondants aient un meilleur accès aux soutiens et aux ressources en matière de santé mentale.

Dans un communiqué envoyé par courriel, la Ville de Winnipeg indique qu'elle travaille avec le Syndicat des pompiers de Winnipeg pour soutenir la famille de M. Heinbigner. Elle précise que la détermination d'un décès dans le cadre du travail relève de la Commission des accidents du travail du Manitoba.

Les réclamations psychologiques déposées auprès de la Commission par les membres du Service d’incendie de Winnipeg sont passées de 132 en 2020, à 236 en 2021.

En 2023, il y a eu 201 demandes, selon les données fournies par la Ville.

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