DIPLOMATIE FRANCE-MAGHREB LES MINISTRES FRANçAIS SILLONNENT LE MAROC

Au cœur d’une actualité diplomatique brûlante, les récents voyages ministériels français au Maroc soulignent un jeu délicat entre rapprochement et réalisme politique, où Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, s’est rendu au Maroc en début de cette semaine pour discuter de coopération anti-terroriste.

Cet événement marque le troisième ministre français à fouler le sol marocain en trois mois, signalant une potentielle ère de réchauffement des relations entre la France et son partenaire maghrébin, après une période qualifiée de glaciation diplomatique.

Ces visites, échos d’une diplomatie active, semblent esquisser un renouveau des liens franco-marocains, bien que la critique puisse y voir des manœuvres superficielles ou simplement réactives aux contextes géopolitiques et économiques changeants. Stéphane Séjourné, investi par le Président Emmanuel Macron, a vraisemblablement été chargé d’une mission de réchauffement des relations avec le Maroc, ce qui suggère une volonté palpable de réengagement au plus haut niveau.

Par ailleurs, ces déplacements ministériels au Maroc posent avec acuité la question de l’équilibre délicat entre les relations de la France avec les nations du Maghreb. La France a en effet imposé des restrictions de visa frappant principalement les ressortissants marocains et algériens, dans des proportions qui n’ont pas manqué de soulever des critiques quant à leur impact effectif sur les relations bilatérales. Un tel acte, bien que bref, a suscité de diverses réactions, oscillant entre incompréhension et indignation, et bien que ces mesures aient été rapidement revues, elles laissent un arrière-goût d’ambivalence dans les discours diplomatiques français.

La figure de Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France en Algérie, offre un éclairage nuancé sur cette dynamique complexe. Au cours d’un entretien avec Alban Barthélemy journaliste à “Le Figaro“, le diplomate a abordé le contexte plus large des relations franco-maghrébines, soulignant une histoire marquée par des hauts et des bas diplomatiques, avec une attention particulière à la manière dont la France tente de naviguer entre ses engagements avec le Maroc et l’Algérie. L’ex-ambassadeur de la France à Alger met en lumière la difficulté de maintenir un équilibre dans une région où chaque action peut être perçue comme un déséquilibre par l’autre.

Dans le cas spécifique du Sahara, sujet de discorde historique entre le Maroc et l’Algérie, la position française semble se faire plus discrète, bien que le soutien économique et politique envers le Maroc, illustré par des investissements significatifs comme l’usine Renault à Tanger et le projet du TGV Casablanca…, montre une inclination favorable à Rabat.

Ces initiatives sont certes porteuses d’espoir économique, mais elles peuvent également être perçues comme des prises de position politiques qui ne manqueront pas d’affecter les relations avec l’Algérie et particulièrement dans le cas du Sahara marocain. En effet, cette zone désertique, autrefois sous souveraineté espagnole, est devenue un point de discorde majeur depuis sa décolonisation en 1975 en faveur du Royaume Chérifien.

A cette époque, rappelons-nous, le Maroc avait orchestré la célèbre Marche verte, mobilisant des milliers de Marocains pour revendiquer ce territoire, indique Driencourt. Pour le Maroc, l’intégration du Sahara est vue non seulement comme un retour de terre ancestralement liée à la monarchie chérifienne, mais aussi comme un enjeu stratégique crucial.

Cependant, pour l’Algérie, le tableau est tout autre. L’Algérie, fidèle à son “principe“ de respect des frontières post-coloniales, perçoit toute modification comme une menace à la stabilité régionale. Pour les dirigeants algériens, le Sahara marocain devrait logiquement constituer une entité indépendante sous le nom de République Sahraouie, une vision soutenue par la présence à Alger de la seule ambassade de cette République dans le monde qui du reste, est non reconnue par une majorité d’États.

Ces divergences de vues alimentent un climat de méfiance réciproque et posent avec acuité la question des alliances et des influences dans cette zone pivot entre l’Europe et l’Afrique du Nord. Le dossier du Sahara marocain demeure ainsi un des casse-têtes diplomatiques les plus persistants de la région, du moins, à l’Est de l’Éden. Quant à l’Ouest, on est pleinement confiant dans l’avenir.

Cela dit, les implications de ces mouvements diplomatiques au Maroc sont vastes, touchant à la sécurité régionale, aux flux migratoires, et à la coopération économique. Chaque visite, chaque annonce, chaque investissement devient un acte de diplomatie qui tente de dessiner l’avenir des relations entre la France et les pays du Maghreb.

En somme, la diplomatie franco-maghrébine se trouve à un carrefour. Les visites ministérielles récentes au Maroc, bien que prometteuses, doivent être interprétées avec prudence et perspective, équilibrant les gains immédiats avec les implications à long terme pour une région qui reste, malgré les efforts de réchauffement, un terrain de manœuvre diplomatique complexe et parfois imprévisible.

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