DéCRIMINALISATION DES DROGUES : IL FAUT SE CONCENTRER SUR UNE SOLUTION, DIT UN POLICIER

Le chef de police de Prince Albert, Patrick Nogier, estime que le débat autour de la décriminalisation des drogues pourrait créer des obstacles dans la quête de solutions pour lutter contre la crise des opioïdes en Saskatchewan.

Il rappelle que les cas de surdoses mortelles liées à la consommation de drogues illicites sont en hausse partout à travers le Canada.

Selon les dernières données communiquées par le Service des coroners de la Saskatchewan, la province a enregistré 337 morts confirmées d'être liées à des surdoses accidentelles en 2023. De ce chiffre, 156 morts sont survenues à Regina, 85 à Saskatoon et 8 à Prince Albert.

Bien que ce total représente une baisse par rapport au pic de 381 atteint en 2021, il demeure nettement supérieur aux 139 morts enregistrés cinq ans auparavant. Dans la majorité des cas de surdose, la présence de fentanyl, d’opioïde ou d’autres de ses dérivés ont été signalés.

Le mois dernier, la Colombie-Britannique a sollicité une révision de l'exemption qui lui permet de décriminaliser la possession de certaines drogues illicites auprès de Santé Canada.

Selon le premier ministre de la Colombie-Britannique, David Eby, cette initiative vise à restreindre la consommation des drogues illicites dans tous les espaces publics, dont les hôpitaux, les restaurants, les transports en commun et les plages.

Les consommateurs de drogues ont des choix en Colombie-Britannique, mais ils n'ont peut-être pas les mêmes choix en Saskatchewan. Pourtant, nous constatons toujours un taux alarmant de morts liées à la consommation de drogues, déplore Patrick Nogier, lors d’une entrevue accordée à l’émission radio Blue Sky de CBC.

Malgré l'absence d'une politique officielle de décriminalisation en Saskatchewan, nous continuons à enregistrer des décès, a-t-il ajouté.

La semaine dernière, le ministre de la Santé mentale et des Dépendances de la Saskatchewan, Tim McLeod, avait déjà déclaré que cette demande du gouvernement de la Colombie britannique démontre que la décriminalisation de drogues ne constitue pas la réponse adéquate aux problèmes de dépendance.

Bien que les communautés ont raison d'être vigilantes en matière de sécurité publique, Patrick Nogier indique qu’il est erroné de croire que toute personne qui consomme des drogues en public est une menace.

Dans certains cas, les personnes qui consomment deviennent agressives [...], alors que d'autres consommateurs peuvent être extrêmement passifs au point que vous pouvez marcher sur eux. Il n'y a pas d'inquiétude quant à votre sécurité, mais il est clair que ce n'est pas une situation sûre, a-t-il affirmé.

Rob Kraushaar est ancien toxicomane et est maintenant un travailleur social. Il explique qu’il existe de nombreux moyens de venir à bout des problèmes de dépendance.

Il raconte qu'il a pu vaincre ses problèmes de dépendance en suivant des traitements. Il reconnaît toutefois que la voie vers la guérison est différente pour chaque personne.

Lorsque nous nous concentrons uniquement sur le traitement et la guérison, c'est un peu comme si on crée une barrière en nous-mêmes et les gens qui souffrent de problèmes de dépendance et on les met à plusieurs niveaux, indique Rob Kraushaar. Nous nous intéressons aux gens qui veulent adopter la voie qu'on leur propose. Et les autres, s'ils meurent, ils meurent. Je sais que personne ne le dira, mais soyons honnêtes, c'est un peu comme ça que ça se passe.

De son côté, le chef de l'exploitation de Saskatoon Community Clinic, Toby Esterby, estime que la consommation de drogues dans les espaces publics représente une crise de santé publique.

Selon lui, il faut que les gouvernements investissent davantage dans des ressources pour soutenir les toxicomanes pendant leur traitement, tout en renforçant la sécurité dans les communautés.

La réalité du traitement et du rétablissement est que certains d'entre nous doivent encore s'assurer que les gens restent en vie suffisamment longtemps pour être prêts à suivre cette voie, affirme M. Esterby. Je sais également que nous refusons littéralement des centaines de personnes chaque mois dans les centres de désintoxication. Si nous ne disposons pas de la capacité adéquate de ces systèmes, que devons-nous faire en attendant?

Patrick Nogier partage l’avis de M. Esterby selon lequel l'augmentation des ressources est essentielle pour améliorer la santé et la sécurité publiques.

Nous devons établir des partenariats pour nous assurer que lorsqu'un agent de police rencontre une personne souffrant de troubles mentaux ou de toxicomanie, que ce soit à trois heures de l'après-midi ou à trois heures du matin, il y aura une bonne manière de gérer cette situation, indique M. Nogier.

Avec les informations de Jeremy Warren

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