JOUR 1 DU PROCèS CRIMINEL DE TRUMP à NEW YORK : PLACE à LA SéLECTION DES JURéS

Un an après la première des quatre inculpations criminelles de Donald Trump, la sélection des jurés s’est amorcée lundi dans l’État de New York, donnant le coup d’envoi à une procédure historique à laquelle aucun ex-président américain n’avait jusqu’ici fait face.

Au premier jour du procès de l'ex-président républicain pour falsification de documents en lien avec de l'ingérence électorale, le processus de sélection des jurés a finalement commencé en milieu d'après-midi, après des heures de débats consacrés à des questions préliminaires sur le déroulement du procès.

Aucun n'a encore été choisi.

Plus de la moitié d'un premier groupe de 96 jurés potentiels ont déjà été exclus, à leur demande, parce qu'ils se jugeaient trop partiaux pour être jurés dans ce procès. Selon CNN, au moins neuf autres l'ont été pour d'autres raisons qu'ils n'ont pas eu à expliquer.

Exceptionnellement, en raison des énormes défis logistiques posés par ce procès, ceux qui expriment un refus sont automatiquement exemptés de la responsabilité de juré sans avoir à plaider leur cause.

Je ne pouvais tout simplement pas le faire, a déclaré après sa sortie de la salle d'audience une des personnes convoquées, selon ce qu'ont rapporté des médias américains, signe des réactions viscérales que provoque le controversé septuagénaire, autant chez ses partisans que ses détracteurs.

Dans un premier temps, le juge Juan Merchan a demandé aux jurés potentiels de signaler à main levée si des facteurs les empêchaient de siéger dans ce jury, par exemple la responsabilité d'un enfant gravement malade, et s'ils se croyaient capables de faire preuve d'impartialité.

En matinée, le juge a acquiescé à la demande de la défense de départager les raisons d'exemption pour pouvoir déterminer quelle proportion des candidats se sont jugés trop subjectifs. La défense compte vraisemblablement se préparer à un éventuel appel s'appuyant sur l'existence d'un très vaste bassin de jurés potentiels jugés trop partiaux.

Selon le réseau CNN, l'équipe de Donald Trump s'attendait à ce que cette proportion atteigne 40 %.

Les audiences pour la sélection des jurés reprendront mardi matin.

Un questionnaire d'élimination

Tout au long du processus de sélection, les jurés potentiels qui ne désirent pas être exclus du procès devront répondre à 42 questions. À l'issue de cette première journée, qui a été ajournée à 16 h 30, dix jurés potentiels avaient répondu au questionnaire, et deux d'entre eux ont été renvoyés, d'après CNN.

Outre les questions usuelles et prévisibles, le formulaire couvre un large éventail de sujets liés spécifiquement à ce procès historique, par exemple leurs sources d'information, leur éventuelle appartenance à des groupes suprémacistes, comme les Proud Boys, ou conspirationnistes, comme Q-Anon, ou encore leur éventuelle participation à des manifestations contre Donald Trump ou à des rassemblements pro-Trump.

La défense et l'accusation soumettront ensuite les jurés potentiels à des questions supplémentaires. Elles n'auront toutefois pas le droit de leur demander pour qui ils ont voté aux dernières élections ou pour qui ils comptent le faire cette année.

Trump dit avoir « un problème » avec le juge

À l'issue de l'audience, Donald Trump a affirmé qu'il serait privé d'un procès équitable.

Il a faussement déclaré que le juge Merchan n'entendait pas le laisser assister à la remise de diplôme de son fils cadet, une demande pour laquelle le magistrat n'a pas encore tranché et qui dépendra de la durée du procès.

Il a également critiqué le refus du juge de le laisser s'absenter pour assister aux plaidoiries sur l'immunité présidentielle devant la Cour suprême des États-Unis la semaine prochaine, dans un autre dossier.

Un accusé est tenu d'assister à son procès criminel, a rappelé le juge Merchan.

Le candidat à la présidence américaine a de plus insisté sur le fait que le procès l'empêchait de faire campagne, déplorant de l'ingérence électorale.

À son arrivée au tribunal, il avait dénoncé une attaque contre l'Amérique.

Au moment où s'amorçait l'audience en matinée, son équipe de campagne se servait du procès pour solliciter de l'argent à ses partisans, une stratégie à laquelle elle recourt fréquemment dans le cadre des procédures judiciaires de Donald Trump.

Un énorme défi pour un procès sans précédent

Le juge a précisé qu'il y avait environ 500 jurés potentiels, un bassin d'où seront choisis 12 jurés et 6 jurés suppléants.

Les jurés potentiels seront appelés par groupes d'une centaine de personnes jusqu'à ce que l'ensemble du jury soit constitué, une étape qui devrait durer minimalement d'une à deux semaines.

Les jurés potentiels sont tous du comté de Manhattan, puisque c'est là qu'ont été commis les crimes allégués.

Leur sélection s'annonce comme un défi dans un des comtés les plus démocrates du pays. Lors de la présidentielle de 2020 remportée par Joe Biden, Donald Trump n'y a recueilli que 12,3 % des voix.

Pour les protéger de harcèlement potentiel ou de menaces, le juge a statué que l'identité des jurés ne serait pas rendue publique, mais la défense et l'accusation auront accès à ces informations. Les illustrateurs judiciaires qui couvrent le procès n'auront pas le droit de les dessiner non plus.

Donald Trump fait face à un total de 34 chefs d'accusation en lien avec des crimes qui auraient été commis lors de la campagne présidentielle de 2016.

Il est notamment accusé d'avoir falsifié des documents financiers pour dissimuler le remboursement d’un paiement versé à une maîtresse alléguée, une actrice de cinéma pornographique nommée Stormy Daniels, afin de favoriser sa victoire électorale.

Son procès devrait durer six semaines, selon ce que le juge a déclaré au premier groupe de jurés potentiels.

Les procureurs réclament l'imposition d'une amende à Donald Trump

La matinée a été consacrée à plusieurs questions préliminaires, comme l'horaire des audiences et les requêtes des deux parties liées au déroulement de la procédure.

Les procureurs ont entre autres demandé au juge de sanctionner Donald Trump pour avoir violé à trois reprises au cours des derniers jours les restrictions de parole qui lui ont été imposées. Le candidat républicain a notamment critiqué son ancien avocat Michael Cohen, témoin vedette attendu du bureau du procureur du district de Manhattan, sur son réseau social Truth Social.

Ils réclament une l'amende de 1000 $ pour chaque infraction. Le magistrat a indiqué qu'il rendrait sa décision le 23 avril.

Le juge Merchan a par ailleurs rejeté une requête présentée il y a quelques jours par la défense réclamant que l'accusé se récuse, un sujet sur lequel il avait pourtant déjà statué l'an dernier.

Dans un geste hautement inhabituel, l'équipe juridique de Donald Trump a également demandé qu'il participe aux entretiens en aparté entre le juge, les avocats de la défense et les procureurs pour les questions litigieuses qui seront débattues loin des oreilles des jurés.

Avant le procès, ce dernier a interdit à l'ancien président de s'en prendre publiquement aux témoins, aux jurés et au personnel du tribunal, une restriction qu'il a ensuite étendue aux membres de sa propre famille et à celle du procureur du district de Manhattan.

Ce n'est pas la première fois que le juge Merchan se trouve à la tête d'un procès lié à Donald Trump. C'est lui qui a présidé le procès criminel pour fraude fiscale de la Trump Organization, qui avait mené à la condamnation de l'entreprise et de son ex-directeur financier, en 2022. (La cause est distincte de la poursuite civile intentée par la procureure générale Laetitia James, au terme de laquelle Donald Trump a été condamné à payer 454,2 millions de dollars américains.)

Une première dans l'histoire américaine

C'est la première fois qu'un ancien président américain fait l'objet d'accusations criminelles.

Un verdict de culpabilité devrait être rendu à l'unanimité. Le vote d'un seul juré pourrait donc mener à l'acquittement du politicien de 77 ans.

Les avocats de Donald Trump ont présenté, jusque dans les derniers jours, une multitude de requêtes visant à retarder la procédure, notamment jusqu'à ce que la Cour suprême statue sur l'immunité présidentielle dont il affirme jouir, ou carrément visant à faire avorter le procès.

Dans les trois autres dossiers criminels, retardés par une série de requêtes, Donald Trump est notamment accusé d'avoir tenté d'invalider les résultats de la présidentielle de 2020 et d’avoir mis la sécurité nationale en danger en conservant des documents confidentiels dans sa résidence de Mar-a-Lago.

Ces trois autres procès criminels risquent de ne pas connaître leur dénouement avant l'élection présidentielle de novembre prochain.

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