L’éCOLE AU FAR WEST

Nous avons quitté le Canada pour l’Arizona avec beaucoup d’appréhension en ce qui concerne l’éducation des enfants. Ce qu’on voit dans les nouvelles sur les livres bannis dans les écoles américaines et certains même brûlés, les sujets d’histoire revus et corrigés pour en effacer certaines parties, l’absence de cours d’éducation sexuelle : on avait un peu l’impression que nous faisions un pas en arrière.

Cependant, à ma grande surprise (et jusqu’à présent), il n’y a aucune censure dans les sujets abordés. Mon cadet a appris en maternelle qu’une famille peut être constituée de deux mamans, deux papas ou d’une maman et un papa. Je suis bien consciente que ce n’est pas partout ainsi, mais je suis soulagée de constater que notre école est plus libérale. C’est une école publique. Il n’y a aucun cours de religion, ce sujet n’est pas abordé avec les enfants. Les frais de scolarité, comme au Québec, sont nuls à l’exception des effets scolaires à fournir. Là-dessus, au contraire du Québec, on doit TOUT fournir : des lingettes antibactériennes pour nettoyer au papier à imprimante en passant par les boîtes de mouchoirs. Pendant l’année scolaire, si quelque chose manque en classe, les parents doivent envoyer les fournitures nécessaires.

Tous les professeurs, de la maternelle à la troisième année, ont un assistant-professeur en classe pour les aider dans leur tâche. Ces assistants-professeurs aident les enfants à organiser leur travail, s’occupent de ceux qui ont plus de difficultés, consolent de grosses peines ou gèrent des colères d’élèves qui ont une moins bonne journée. Je trouve ce système vraiment bien pour les enseignants. Il est vrai aussi que les classes sont plus grosses (30 élèves) donc ça aide le prof à gérer autant d’enfants!

Parce qu’on est aux États-Unis…

En plus des exercices de feu, les enfants effectuent des exercices de confinement en cas de tireur actif sur le campus de l’école. C’est évident que c’est une situation qui me terrorise. Nous étions bien conscients en déménageant ici que c’était une possibilité. C’est aussi une longue discussion que nous avons eue avec eux sur les armes à feu (je reviendrai sur ce sujet dans un autre article). Dû au fait que nous vivons en banlieue et dans le désert, il y a deux types de confinement. Celui avec un tireur actif où les enfants se cachent sous leurs bureaux en silence, et un confinement plus souple où les portes des classes sont barrées mais les cours se poursuivent. Ce confinement se produit si un animal sauvage (puma, coyote, serpent à sonnettes, cochon sauvage) se trouve sur le terrain de l’école.

Il faut que je vous explique que l’école de notre quartier n’est pas un seul gros bâtiment fermé comme au Québec, mais plusieurs petits séparés sur le campus. Les salles de classe donnent directement sur l’extérieur, il n’y a pas de corridor pour s’y rendre, on ouvre la porte de la classe et on entre. J’adore l’idée que les enfants doivent être dehors pour aller à la bibliothèque, la cafétéria ou le gymnase. Pas d’hiver, pas de neige, pas de froid, la température permet ce genre d’installation. Cependant, si un serpent à sonnettes se faufile dans la cour d’école, tout le monde reste à l’intérieur!

Bien sûr que j’ai des remords en pensant que mes enfants n’apprendront pas l’histoire du Canada et du Québec comme je l’ai apprise. Je me fais un devoir de leur en parler le plus possible. Mon fils aîné est celui qui est le plus intéressé des trois et pose souvent des questions. Ça viendra pour les deux autres, qui sont encore jeunes. J’ai aussi des remords en pensant qu’ils n’apprendront jamais vraiment à écrire correctement le français. Bien que nous parlions français à la maison et que les enfants savent lire dans cette langue, ils n’apprendront jamais ce qu’est un complément circonstanciel.

Tous les élèves doivent réciter le serment d’allégeance au drapeau américain en classe à tous les matins, debout, une main sur le cœur. J’en étais outrée au début de l’année scolaire, mais il y a deux façons de voir ceci. On pourrait dire que c’est de l’endoctrinement d’enfants. On pourrait aussi dire que c’est une manière de développer leur sens patriotique. Une fierté que nous ressentons moins au Québec, mais qui est très forte ici. Alors, je compense le soir en leur faisant chanter le Ô Canada dans l’auto en revenant de l’école et en écoutant de la musique québécoise (Les Cowboys fringants, Bob Bissonnette, Loco Locass sont très populaires dans ma voiture depuis quelques semaines!). Ce qui me surprend, c’est que depuis notre déménagement, les enfants sont devenus de fiers Québécois/Canadiens et le verbalisent souvent. Comme si les déraciner avait réveillé leur fibre patriotique.

Nous ne savons pas quand nous retournerons vivre au Canada. Une chose est certaine, nous travaillons très fort pour que les enfants ne perdent ni leur français ni n’oublient leur héritage canadien francophone. Et contre toute attente, nous sommes agréablement surpris de la qualité de l’éducation qu’ils reçoivent ici.

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