LA MAURITANIE AUX PORTES D'UNE PRéSIDENTIELLE à VAINQUEUR DéSIGNé?

La Mauritanie s’apprête à vivre une nouvelle élection présidentielle le 29 juin prochain. Le scrutin annonce le président sortant de la Mauritanie, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, comme favori dans un pays qui a échappé à l’instabilité politique de ses voisins au Sahel.

Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani qui dirige le pays depuis 2019, a annoncé être candidat à un deuxième mandat pour le scrutin dans une lettre distribuée aux médias. Il affrontera un parterre de rivaux mais l’issue des élections semble déjà scellée.

« J’ai jugé opportun de m’adresser directement à vous, chers compatriotes, à travers cette lettre, pour vous informer de ma décision de me présenter à vous, afin que vous me renouveliez votre confiance pour un nouveau mandat », a-t-il déclaré dans sa lettre.

Ould Cheikh El Ghazouani, peut profiter également de sa présidence actuelle de l’Union africaine. Il a promis de consolider l’unité nationale, d’améliorer les conditions de vie des plus démunis, de garantir la sécurité et la stabilité dans le pays.

Son parti avait largement remporté les législatives l’année dernière en s’octroyant 107 sièges sur 176, loin devant le parti islamiste Rassemblement national pour la réforme et le développement également connu sous l’abréviation Tewassoul, qui avait remporté 11 sièges.

Le parti d’inspiration islamiste a également présenté un candidat pour cette élection en la personne de Hamadi Ould Sid’ El Moctar. Le parti n’a obtenu un statut légal qu’en 2007 et devenu depuis le premier parti d’opposition au Parlement mauritanien.

En 2014, Tewassoul avait boycotté l’élection présidentielle et soutenu un candidat hors de ses rangs à l’élection de 2019.

Arrivé deuxième de la présidentielle de 2019, Biram Ould Dah Ould Abeid, le militant des droits humains et anti esclavage, a également annoncé sa candidature le même jour que celle du président en exercice. Pour rappel, la Mauritanie n’a aboli complètement et officiellement l’esclavage qu’en 1981.

Biram Ould Dah Ould Abeid, dont la formation politique n’est pas autorisée est dans une situation délicate en cas de victoire. Avec un parti sans existence légale, cela pose un problème pour le fichier électoral et sans doute, des défis à la Commission électorale nationale indépendante (CENI).

En mars, le ministère mauritanien de l’Intérieur avait entamé des concertations inclusives avec les acteurs politiques et la société civile afin de discuter des moyens de reconnaissance des partis politiques en vue des élections présidentielles de juin.

Selon le ministère de l’Intérieur, vingt partis sont actuellement reconnus, et 98 dossiers de demandes de reconnaissance ont été déposés auprès des services compétents. Les autorités mauritaniennes ont fait comprendre leur inquiétude vis à vis d’un trop grand nombre de partis qui pourrait compliquer le processus électoral.

D’autres acteurs politiques se sont lancés dans la course à la présidentielle bien que leurs chances soient restreintes, à l’instar de Ba Mamadou Bocar, leader de l’Alliance pour la Justice et la Démocratie/Mouvement pour la Réconciliation, un parti représenté à l’Assemblée nationale par 4 députés, ou encore Hamidou Moctar Kane, spécialiste de l’intelligence économique qui est un Mauritanien ayant vécu à l’étranger.

Enfin, l’ancien président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz (2009-2019), qui a été condamné à une peine de prison pour des infractions et « malversations » lors de son mandat, s’est également porté candidat, mais la question de la légalité de sa candidature crée un sérieux débat chez les juristes du pays. Cette semaine, la justice a refusé sa libération provisoire.

Les participants ont appelé tous les partis politiques, de la majorité et de l’opposition, à jouer leur rôle pour empêcher la farce électorale qui devrait se dérouler unilatéralement.

Des opposants politiques ont récemment mis en garde contre la tendance à « une voie unique » de ce prochain scrutin présidentiel, en appelant les masses désireuses de changement à se mobiliser contre les restrictions dont l’exclusion systématique des jeunes en les empêchant de contribuer au changement démocratique.

Ils ont en outre souligné que les participants au processus politique dans sa forme actuelle portent la responsabilité de « la déstabilisation et de la sécurité qui s’abattra sur le pays ».

Les élections en Mauritanie, premier pays africain en matière de liberté de la presse selon le dernier rapport de Reporters Sans Frontières (RSF), devraient être une nouvelle occasion de prouver le tournant démocratique et la stabilité du pays qui a été un fief des coups d’Etats entre 1978 et 2008 avant l’élection de 2019 qui a marqué la première transition entre deux présidents élus démocratiquement, entre Ould Abdel Aziz et Ould Cheikh El Ghazouani.

La Mauritanie reste un pays qui se trouve entre le marteau et l’enclume dans une région à fortes pressions sécuritaires entre Afrique du nord et Afrique subsaharienne. Le pays tente de contrer la menace djihadiste qui s’est propagée au Sahel et a su maintenir une stabilité parfaite depuis 2011.

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