LA STM COMMENTE LA SITUATION DE SES 9 STATIONS « EN MAUVAIS éTAT » QUI FAIT RéAGIR

La clientèle de la Société du transport de Montréal (STM), qui fréquente sans surprise un réseau vieillissant, est également susceptible de se retrouver dans neuf stations de métro considérées en mauvais état ou même, en « très » piètre condition, selon un document rendu public à l'Assemblée nationale du Québec le 24 avril.

Cela n'a pas manqué de susciter de vives réactions et Narcity a questionné la STM à ce sujet.

Le rapport, présentement sous les feux des projecteurs, est le Plan annuel de gestion des investissements publics en infrastructures (PAGI) du gouvernement du Québec. Dans celui-ci, on apprend que 9 % des stations ont reçu la cote D, en raison de leur mauvais état et 4 % ont obtenu la pire évaluation, soit la code E pour leur « très » mauvais état. C'est donc un total de 13 % des 68 arrêts de métro - neuf d'entre eux dont les conditions matérielles augurent mal. Toutefois, le document n'indique nullement de quelles stations il s'agit.

En plus de la multiplication des actes de violence dans le métro de Montréal, avec au moins 12 attaques criminelles médiatisées depuis le début de 2024, cette nouvelle renforce le sentiment d'insécurité envers le transport en commun dans la métropole.

Le député libéral montréalais Monsef Derraji a questionné la ministre des Transports Geneviève Guilbault à l'Assemblée nationale sur cette absence d'information. Cette dernière lui a répondu que cette responsabilité revient à la STM et que le « gouvernement ne laissera jamais des gens se déplacer dans des infrastructures non sécuritaires ». De plus, elle a soutenu ces propos controversés : « Gérer le transport collectif et les sociétés de transport, ce n’est pas une mission de l’État » et « Nous [Québec], on n’a pas le luxe de refiler notre déficit ailleurs. Chacun, comme j’aime bien dire, doit gérer sa fougère et trouver ses propres solutions ».

Le Devoir a également tenté d'obtenir des réponses pour identifier les neuf stations dont il serait question, sans succès. M. Derraji a d'ailleurs déploré ce manque de transparence. « La population a le droit d’avoir un transport collectif sécuritaire et fiable. Cette information est d’ordre public, et j’invite la ministre et la STM à la dévoiler publiquement », a affirmé le représentant de la circonscription de Nelligan, à Montréal.

Le député Étienne Grandmont, de Québec solidaire, a également rebondi sur cette affaire à l'Assemblée en posant cette question ouverte : « Comment ça se fait qu’on le [métro] laisse dépérir comme ça ? », peut-on lire dans le quotidien montréalais.

Ce que tu dois savoir : La STM nous a fourni quelques éléments de réponse, mais a toutefois contourné nos questions suivantes :

  • Êtes-vous en mesure de nous identifier les neuf stations concernées? Sur quelle(s) ligne(s) se trouvent-elles?
  • Doivent-elles subir des travaux majeurs prochainement? Si oui, en quoi ça consiste?

Silence radio pour ces interrogations d'ordre public.

La Société du transport montréalais a plutôt tenu à rassurer la clientèle sur l'aspect sécuritaire des lieux. « Le métro reste actuellement sécuritaire mais sa performance est déjà dégradée en raison du vieillissement de ses actifs. Des investissements massifs sont nécessaires à court et moyen termes pour en préserver la performance et la fiabilité. Nous devons investir pour que le réseau demeure sécuritaire encore longtemps », soutient Amélie Régis, conseillère corporative de la STM par courriel.

À défaut de connaître les neufs stations dont l'état est le plus critique pour le moment, on sait que Berri-Uqam, Laurier, Saint-Michel et Snowdon font présentement l'objet de travaux majeurs au niveau de leurs infrastructures existantes.

Ce qui s'en vient : La porte-parole de la STM évoque également le financement du réseau qui « n'est pas à la mesure du défi ». Dans son dernier mémoire, l'organisation a recommandé au gouvernement du Québec d'octroyer dans son budget 2024-2025 une aide transitoire de 421 M$ pour préserver son offre de service pour l’année 2025.

Or, dans le dernier budget provincial, aucune somme supplémentaire n'a été allouée au Plan québécois des infrastructures (PQI) pour les transports en commun ; le montant fixé est demeuré à 13,8 G$ sur 10 ans. De plus, on ne sait pas encore de quelle façon cette somme sera répartie. En mars dernier, la Société de transport de Montréal (STM) a déploré « une absence d’engagement du gouvernement envers la crise du financement de l’exploitation du transport collectif », peut-on lire dans La Presse.

Cela inquiète également plusieurs élu.e.s municipaux du Grand Montréal, qui menacent d'augmenter la taxe destiné au transport en commun sur les frais d'immatriculation dès l'an prochain pour financer l'état désuet du réseau collectif.

Au cas où tu ne le savais pas : Cette situation est d'autant plus préoccupante en raison de l'obsolescence de la presque totalité du réseau. « D’ici 2030, 93 % des infrastructures de la STM auront atteint plus de 40 ans de durée de vie utile. C’est pourquoi la STM compte investir 21,1 G$ d’ici dix ans dans la modernisation de ses réseaux, bus et métro », explique Mme Régis.

Dans le document du PAGI de Québec, le gouvernement souligne ceci : « Puisqu’elles sont propriétaires de leurs infrastructures, les différentes sociétés de transport en commun sont responsables de la construction, de l’entretien, de l’exploitation et du financement de celles-ci ». Cependant, les fonds manquent cruellement et l'une des solutions est de refiler une partie de la note aux automobilistes.

Pour en savoir plus sur le sujet : La sécurité au sein du réseau de la STM est au coeur des discussions ce printemps, alors que ce n'est pas que l'état des infrastructures du métro qui inquiètent. Plus d'une douzaine d'attaques criminelles ont été médiatisées depuis le début de l'année et nombre d'entre elles sont l'oeuvre d'individus armés, exacerbant le sentiment d'insécurité de la population qui fréquente régulièrement ces lieux.

À cela s'ajoute une hausse significative des cas d'agression envers le personnel du réseau depuis l'année dernière. En effet, la Société a rapporté au moins 348 agressions contre ses effectifs l'année dernière, marquant une hausse de 6 % par rapport à l'an précédent, 2022. Plus de la moitié des incidents (185) ont impliqué des chauffeur.euse.s d'autobus et les constables spéciaux, quant à eux, ont subi la plus forte augmentation d'agression avec une hausse de 30 %, ce qui représente 83 cas en 2023.

Récemment, le réseau de transport collectif de la métropole a d'ailleurs lancé un appel à l'aide face à l'accroissement du sentiment d'insécurité dans le métro : « On est là pour intervenir, mais là où on a besoin d’aide, c’est avec la prise en charge de cas de problèmes de santé mentale, de toxicomanie. On a plusieurs usagers vulnérables qui ont de graves problèmes de santé et c’est l’une des causes de la dégradation de la perception de la sécurité dans notre réseau », a affirmé le président de la STM, Éric Alan Caldwell, à La Presse.

Le 10 avril dernier, l'entreprise publique a annoncé qu'elle augmentera le nombre d'effectifs affectés à la sécurité au cours des prochains mois dans 10 stations de métro - tu peux consulter la liste ici.

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