Malgré des craintes exprimées au sein de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ), le réseau sera prêt à temps pour appliquer les dispositions de la loi qui entreront en vigueur le mois prochain, assure la directrice nationale Catherine Lemay. Elle est toutefois contredite par le syndicat qui représente les intervenants jeunesse.
À compter du 26 avril, la Loi sur la protection de la jeunesse aura un peu plus de mordant au Québec. Par exemple, l’exposition d’un enfant à de la violence conjugale sera dorénavant considérée comme un motif de signalement à part entière.
Aussi, chaque adolescent de 16 ans et plus sous la responsabilité de la DPJ devra faire l’objet d’un plan de transition à la vie adulte afin de mieux l’accompagner vers sa majorité.
Or, il y a trois semaines à peine, des intervenants jeunesse ignoraient encore qu’ils seraient responsables de la rédaction et du suivi de ces plans de transition à la vie adulte. Ils semblaient même ignorer l’existence de cette nouvelle disposition légale.
Une source bien au fait du dossier avait alors déploré un manque de communication
et un manque de préparation
du ministère de la Santé et des Services sociaux, ce que nie la directrice nationale de la protection de la jeunesse, Catherine Lemay.
C'est sûr que la communication, c'est le nerf de la guerre de toute transmission d'information efficace
, admet-elle, assurant du même souffle que les choses ont été faites en temps opportun.
Mme Lemay s’appuie notamment sur une formation obligatoire, mise en ligne le 8 mars dernier, qui couvre non seulement les nouvelles dispositions légales, mais aussi celles entrées en vigueur l’année dernière après l’adoption du projet de loi 15.
Tous les intervenants de la DPJ ont donc jusqu’au 26 avril pour suivre les six modules de cette formation qui aborde d’autres changements dans la Loi sur la protection de la jeunesse, dont ceux qui concernent les enfants autochtones.
Même si les intervenants ont théoriquement six semaines pour s’approprier ces nouveaux contenus, l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé (APTS) assure que ce n’est pas le cas de tous les employés.
Certains de nos membres ont reçu l’hyperlien avec plus d’une semaine de retard et le temps alloué pour suivre la formation est court
, indique Sébastien Pitre, responsable du dossier de la protection de la jeunesse à l’APTS.
Dans un contexte de pénurie de personnel, les intervenants débordés auront besoin de délais supplémentaires pour compléter leur formation
, ajoute M. Pitre.
Quant au contenu de la formation, l’APTS dit ne pas avoir terminé de l’analyser, mais estime que ces occasions de développement professionnel font partie de la solution pour un réseau plus fort
, tout comme des conditions de travail décentes
.
carte routièrepour les adolescents
Par ailleurs, la directrice nationale de la protection de la jeunesse a été en mesure de dévoiler un peu plus quelle forme prendra le plan de transition à la vie adulte qui deviendra obligatoire à compter du 26 avril.
Il s’agira d’un document informatisé que Mme Lemay compare à une carte routière
qui indique différents chemins pour accompagner le jeune vers ses 18 ans et l’outiller afin qu’il puisse faire face à la vraie vie, en dehors de la DPJ.
Avec l’intervenant qui l’accompagne, le jeune devra identifier les adultes significatifs susceptibles de l’appuyer, ses ambitions personnelles pour les études ou le travail, et différentes aptitudes qu’il souhaite acquérir, par exemple.
Selon Mme Lemay, l’un des points essentiels de ce plan est qu’il ne sera pas figé dans le temps : il devra évoluer avec le jeune, car l’adolescence est un moment charnière
.
Même si la loi prévoit que le plan puisse être mis en place auprès des jeunes de 16 à 18 ans, Mme Lemay ne croit pas que les intervenants négligeront d’en faire une priorité parmi toutes les autres tâches qu’ils doivent accomplir.
Selon elle, il est certain que le plan devra être mis en place le plus tôt possible, mais dans la mesure où le jeune est prêt à aborder le sujet du passage à la vie adulte.
C'est anxiogène, quand tu as 16 ans et que tu n'as rien devant toi, de parler de ton avenir. Il faut être capable de mesurer le bon moment pour chaque jeune d'aborder ces points-là
, soutient Mme Lemay.