ÉQUIPE VOLANTE EN SANTé : « EN PRATIQUE, C’EST CABOCHON », DIT UN SYNDICAT DE L’OUTAOUAIS

Le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de l’Outaouais vient tout juste de transmettre à Québec ses besoins en matière de personnel pour une équipe volante en santé, bien que du renfort se fasse attendre depuis des semaines sur le terrain.

Cette demande est tardive et démontre un manque de sérieux, selon la présidente du Syndicat des professionnelles en soins de l’Outaouais, Karine d’Auteuil.

C'est à se demander si la situation critique en Outaouais est prise au sérieux ou si on fait juste rire des professionnels en soins, clame-t-elle.

Le gouvernement du Québec souhaitait que des préposés aux bénéficiaires et des infirmières soient déployés dès le 20 juin en Abitibi-Témiscamingue, sur la Côte-Nord et en Outaouais.

Or, les besoins du CISSS de l'Outaouais ont été reçus le 22 juillet dernier, par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), affirme la responsable des relations médias Marie-Christine Patry.

Le CISSS de l’Outaouais dit avoir besoin d'infirmières et d'infirmières auxiliaires principalement pour les secteurs de l’urgence, le bloc opératoire, l’unité de chirurgie et les soins intensifs.

Ces besoins sont surtout pour les trois hôpitaux urbains (Gatineau, Hull et Papineau) ainsi que pour l’Hôpital de Wakefield et deux CHSLD de la région, précise par courriel la conseillère en communications du CISSS de l'Outaouais, Qeren Boua.

Aucune embauche en Outaouais jusqu’à présent

Jusqu’à maintenant, 226 candidats ont eu un entretien d’embauche pour l’équipe volante de la province. Seules 36 personnes ont été embauchées et elles sont toutes dédiées à l’Abitibi-Témiscamingue et la Côte-Nord.

Ni le CISSS, ni le ministère de la Santé ne savent quand l’équipe volante sera déployée en Outaouais.

Marie-Christine Patry du ministère de la Santé explique que le déploiement des ressources se fait de façon graduelle, selon les disponibilités du personnel, leurs profils, et les besoins des établissements.

Un délai trop long

La présidente du Syndicat des professionnelles en soins de l’Outaouais, Karine D’Auteuil, s’explique mal pourquoi le CISSS n’a pas fait part de ses besoins au ministère plus tôt.

Le ministère est soucieux de la situation dans les régions priorisées pour le déploiement de l’équipe volante publique, incluant l’Outaouais, assure Marie-Christine Patry.

La récente signature des ententes avec la FTQ et la CSN doit accélérer l’envoi de préposés aux bénéficiaires et d’infirmières dans les régions priorisées, dont l’Outaouais fait partie, précise-t-elle.

En mettant sur pied des équipes volantes, le gouvernement du Québec dit vouloir diminuer le recours aux agences privées dans le réseau de la santé et y mettre fin d’ici 2026.

Cochez ici pour la Côte-Nord ou l’Abitibi-Témiscamingue

Par ailleurs, le formulaire de mise en candidature pour faire partie des équipes volantes ne fait aucunement mention de l’Outaouais.

Les personnes qui postulent doivent répondre à plusieurs questions, dont Êtes-vous disponible pour travailler dans les régions de la Côte-Nord et de l’Abitibi-Témiscamingue?. À aucun endroit, on ne demande aux candidats potentiels s’ils accepteraient d’être déployés en Outaouais.

Quand on dit quelque chose, ça devrait se refléter sur le formulaire, dénonce la leader syndicale Karine D’Auteuil.

La responsable des relations médias du MSSS, Marie-Christine Patry, assure que considérant les récents besoins de l'Outaouais, la région est ajoutée dans le processus de soumission de candidature.

Elle ajoute que les candidats qui pourraient répondre au profil en fonction des besoins de l'Outaouais seront contactés.

L’équipe volante : une solution à long terme?

Bien qu’elle soit attendue sur le terrain en Outaouais, l’équipe volante n’est pas une solution miracle, croit l’étudiante au doctorat en sciences infirmières et chargée de cours au département des sciences infirmières de l'Université du Québec en Outaouais, Caroline Dufour.

On met un pansement, mais on n'a aucune solution qui a été donnée à long terme pour régler le problème. En Outaouais, on ne propose rien au niveau du salaire ou au niveau des conditions de travail, estime-t-elle.

Caroline Dufour soutient que la province de Québec doit notamment arrimer les salaires des infirmières de l’Outaouais avec ceux de l’Ontario afin de prévenir les départs.

Action Santé Outaouais qui milite pour de meilleurs soins de santé dans la région partage cet avis.

Il faut des solutions structurantes, pérennes et à long terme, chose qui ne semble pas venir pour l’instant du gouvernement du Québec, déclare le directeur de l’organisme, Mathieu Charbonneau.

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