BC UNITED DANS UNE « SITUATION PRéCAIRE », COINCé ENTRE LES CONSERVATEURS ET LE NPD

Le chef du Parti conservateur de la Colombie-Britannique, John Rustad, a tenté cette semaine de forcer la main au parti BC United, ce qui démontre, selon des analystes en politique, à quel point Kevin Falcon se retrouve dans une situation délicate, contraint de défendre ses positions entre le NPD et les conservateurs.

John Rustad a utilisé une procédure rarement évoquée pour la première lecture d’un projet de loi : le vote par appel nominal.

Cette procédure, vue à Victoria pour la dernière fois en 2017, force chaque député à enregistrer sa position à tour de rôle, plutôt que de voter à main levée. Ainsi, le choix de chaque député est public, plutôt que le total du nombre de votes pour et contre.

Mardi, John Rustad a présenté son projet de loi sur les athlètes transgenres et a exigé un vote par appel nominal. D’après Stewart Prest, chargé de cours en politique à l'Université de la Colombie-Britannique, les élus ne pouvaient pas échapper au vote sur un sujet jugé délicat.

Lorsqu'il s'agit d'inclusivité, le Nouveau Parti démocratique (NPD) et les conservateurs ont une position opposée, mais très claire, dit-il.

Le NPD et les verts ont unanimement rejeté le projet de loi des conservateurs sur les athlètes transgenres. BC United l'a soutenu en affirmant qu'il donne la chance à tous les projets de loi d'être lu une première fois.

Pour moi, ça démontre que BC United a peur de perdre les électeurs qui sont plus à droite et qui sont intéressés par les enjeux sociaux, ajoute M. Prest.

Un constat que fait aussi Nicolas Kenny, professeur d'histoire à l’Université Simon Fraser et observateur de la scène politique. C'était clairement un piège pour BC United.

S'il vote contre, John Rustad peut dire à sa base électorale que BC United est comme le NPD. S'il vote pour, le chef conservateur peut dire que BC United le suit et que le Parti conservateur est la réelle opposition, précise M. Kenny.

BC United tente une contre-attaque

Le lendemain, le chef de BC United, Kevin Falcon, a présenté son propre projet de loi pour mettre fin à la décriminalisation, et à la surprise de l'Assemblée, demande à son tour un vote par appel nominal.

Mais plutôt que de s'attaquer à John Rustad, il tente de coincer le NPD, qui ne mord pas, selon M. Kenny et M. Prest. Même si le NPD ne veut pas la fin de la décriminalisation, il a voté en faveur d'une première lecture du projet de loi de BC United.

Kevin Falcon ne veut pas non plus crédibiliser le chef conservateur en s'en prenant à lui en chambre, même s'il est son principal rival, expliquent Nicolas Kenny et Stewart Prest.

Qui plus est, jeudi, Kevin Falcon a tenté de convaincre les journalistes qu'il ne s'est pas senti pris entre l'arbre et l'écorce et qu'il ne porte pas attention à John Rustad.

Pour les deux analystes politiques, BC United devra tenter de tirer son épingle du jeu pour éviter une hémorragie le jour du scrutin, le 19 octobre, en ayant des positions et des propositions claires sur des enjeux importants, comme le logement et le coût de la vie, comme ce qu'il a fait récemment avec la décriminalisation.

Kevin Falcon devrait aussi, selon eux, se concentrer sur l'électorat plus au centre, qui représente une plus grande partie de la population.

Le plus grand nombre de sièges se retrouvent dans les centres urbains. Il doit reconquérir le Grand Vancouver et le Grand Victoria, précise M. Kenny.

Et ce que BC United sait bien faire, selon Stewart Prest et Nicolas Kenny, c'est promouvoir sa rigueur fiscale. Et le NPD leur a donné une munition : un budget avec un déficit sans précédent.

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