FREDERICTON RECULE SUR LE PROJET DE LOI DE DéSINTOXICATION FORCéE

Devant l’opposition des psychiatres, des travailleurs sociaux et des criminalistes, le gouvernement Higgs ralentit sur le projet de loi qui vise à forcer certains toxicomanes à se faire soigner.

Ce projet de loi sur l’intervention humanitaire ne sera finalement pas déposé ce printemps à l’Assemblée législative. La ministre responsable des Services de santé mentale et de traitement des dépendances, Sherry Wilson, l’a annoncé vendredi dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux du gouvernement.

Nous sommes entièrement déterminés à déposer ce projet de loi mais lors de discussions et de consultations, il est devenu clair que nous avions besoin de plus de temps pour nous assurer de faire les choses correctement, dit-elle.

Le gouvernement dit vouloir prendre le temps de bien faire les choses.

Le ministre de la Sécurité publique, Kris Austin, a évoqué cette mesure pour la première fois en septembre dernier.

Il expliquait alors que dans les cas les plus extrêmes, le texte de loi permettrait d’ordonner à des personnes dépendantes aux drogues de suivre un traitement contre leur gré quand elles représentent un danger pour elles-mêmes ou les autres.

Surcharger un système déjà en difficulté, selon les psychiatres

Jeudi, l’Association des psychiatres du Nouveau-Brunswick a diffusé une lettre ouverte dans laquelle elle fait part de sa préoccupation quant à ce projet de loi.

Selon eux, de nombreuses recherches suggèrent que la voie que vous envisagez de suivre ne résoudra pas ces problèmes complexes.

Les psychiatres insistent sur le fait que les désintoxications forcées ne réduisent pas la consommation de drogue et au contraire représentent un risque accru de surdose parfois mortelle suite au traitement forcé.

Ils ajoutent que la stratégie privilégiée par le gouvernement n’est pas compatible avec une pratique médicale éthique. Ils soulignent l’absence de consultation du gouvernement le manque cruel de ressources.

Des problèmes éthiques, selon les travailleurs sociaux

Ils ne sont pas les seuls à avoir fait part de leurs réticences au projet. Des travailleurs sociaux ont fait part de leur désaccord. Selon eux, forcer des toxicomanes à se faire soigner soulèverait de sérieux problèmes éthiques.

Lise Savoie directrice de l’école de travail social de l’Université de Moncton disait fin mars que cela s'apparente à une forme de contrôle social. On veut contrôler des personnes qui nous dérangent, disait-elle. Elle soulignait qu’une intervention forcée est inefficace.

Plusieurs criminologues ont également émis des réserves. Si on le savait que ça marchait le moindrement, on l'aurait fait et le problème ne serait pas ce qu'il est aujourd’hui, disait le professeur de criminologie à l’Université de St. Thomas, fin mai.

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