ITINéRANCE HéBERGéE : QUéBEC DéVOILERA LE PORTRAIT COMPLET à L’AUTOMNE

Le ministère de la Santé et des Services sociaux a réalisé un exercice, dans la nuit du 23 avril au 24 avril, pour mieux connaître « l’itinérance hébergée ». Le rapport complet concernant la fréquentation des ressources d'hébergement, effectué à l’échelle provinciale, sera dévoilé à l’automne. Plusieurs organismes s'interrogent sur la pertinence de cet exercice et certains demandent plus d'actions concrètes.

Les CIUSSS et CISSS de chaque région ont fait les démarches auprès des organismes communautaires afin de détailler le portrait complet sur chaque territoire.

Cet exercice permet de dresser l’inventaire des ressources d’hébergement, de recueillir des données administratives sur ces ressources – comme le nombre de places disponibles ou le nombre de personnes hébergées – ou encore comparer certains nombres estimés avec les exercices de dénombrement précédents.

Les résultats de ce rapport permettront notamment d'outiller les organismes communautaires.

C’est quoi l’itinérance hébergée ?

Une situation dans laquelle une personne qui n’a pas de domicile permanent et sécuritaire se trouve dans une structure d’hébergement d’urgence, temporaire et autres ressources d’hébergement et de logement transitoires pendant une nuit donnée (soit le 23 avril 2024).

Définition du MSSS

Cet exercice appelé l’énumération est différent du dénombrement qui a eu lieu en 2022, où un portrait de l’itinérance – plus précis – est brossé. Aucun sillonnage ne sera effectué et aucun questionnaire ne sera passé aux principaux concernés, précise le ministère dans un courriel envoyé à Radio-Canada.

Le service de communications du ministère ajoute que l’énumération constitue un exercice moins énergivore et moins coûteux qu’un dénombrement […] Cette méthode nécessite un important déploiement de ressources, ce qui explique pourquoi il a plutôt été décidé d’alterner entre les deux façons de faire.

Un exercice de dénombrement aura lieu au printemps 2025.

Les lieux visés par ce sondage :

  • Hébergement en dépendance (RHD)
  • Centre de crise
  • Mixte – Hébergement en dépendance et centre de crise
  • Ressources de transition pour personnes contrevenantes
  • Centre de réadaptation en dépendance 
  • Hébergement d’urgence
  • Hébergement de transition
  • Logement de transition
  • Mixte – Hébergement d’urgence, hébergement de transition et/ou logement de transition
  • Violence 1re étape et 2e étape
  • Halte-Chaleur

Loin de refléter la réalité

À Lévis, le Centre d’aide et prévention jeunesse (CAJP) propose depuis l’automne 2022, le service Accueil inconditionnel, le 55 pour accueillir les personnes en situation d’itinérance ou à risque de le devenir. Son directeur, Charles Bégin, fait partie des organismes qui ont participé à l’énumération du 23 avril.

Il admet que la démarche du dénombrement est lourde et ardue, mais il ne croit pas que l’énumération va donner quelque chose de plus dans le portrait de l’itinérance au Québec.

Le dénombrement permettait de sillonner les rues, de rejoindre des gens qui sont en itinérance cachée et qui ne sont pas nécessairement hébergés dans les refuges. […] Le dénombrement avait aussi un questionnaire qui permettait de collecter des données sur le parcours des gens, tandis que l’énumération, c’est très mathématique.

Dans son organisme, du 1er avril 2023 au 31 mars 2024, 451 personnes ont demandé de l’aide, majoritairement des hommes dans la quarantaine, mais aussi de plus en plus de femmes et des personnes issues de l’immigration.

Lors du dernier dénombrement en 2022, l’itinérance avait augmenté dans toutes les régions du Québec.

Ça reste un portrait très parcellaire, une image à un moment donné, signifie M. Bégin. Ça donne un portrait sommaire, c’est loin d’être complet et loin de refléter la réalité, fait-il remarquer.

Passer à l'action

C’est important que les décideurs soient au courant, mentionne de son côté le directeur général de Lauberivière, Éric Boulay. Même si l’exercice de dénombrement est plus précis, il en demeure la pointe de l’iceberg selon M. Boulay, car cet exercice représente aussi une journée dans l’année.

Il faudrait multiplier par 10 ce qu’on voit dans un dénombrement [pour s’approcher davantage de la réalité], croit le directeur général de Lauberivière.

Je pense que ce serait trop énergivore de faire un dénombrement chaque année, ajoute M. Boulay. Il précise que l’énumération est relativement rapide à remplir et qu’elle est utile pour tenir un portrait de l'évolution de la situation. Ça prend deux minutes, fait-il savoir.

En entretien téléphonique, Boromir Vallée Dore du Réseau Solidarité Itinérance du Québec, croit aussi qu’il y a un risque de cumuler les données.

Le gouvernement a déjà dit qu’on est dans une situation de crise, pourquoi on revient à la calculatrice, lance-t-il.

Boromir Vallée Dore attend des actions concrètes pour aider les personnes en situation d’itinérance.

Avec la collaboration d'Audrey Paris, Magalie Masson et Christiane Latortue

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