L'ASSOCIATION CANADIENNE DES HYGIéNISTES DENTAIRES CRITIQUE LE NOUVEAU RéGIME FéDéRAL

OTTAWA — Le gouvernement libéral fait deux poids, deux mesures lorsqu'il s'agit de déterminer le montant que les praticiens seront remboursés en vertu du nouveau régime fédéral, déplore l'Association canadienne des hygiénistes dentaires.

La semaine dernière, Santé Canada a publié un guide indiquant le montant qu'il paiera aux prestataires dans le cadre du régime national de soins dentaires, qui devrait fournir une couverture de santé bucco-dentaire à des millions de familles à revenu faible ou moyen.

Les taux de remboursement varient d'une province à l'autre, mais ils démontrent que le gouvernement fédéral prévoit payer beaucoup moins pour un nettoyage effectué dans une clinique d'hygiène privée que dans un cabinet de dentiste.

«Idéalement, nous croyons qu'une hygiéniste dentaire travaillant à son compte devrait être payée de la même manière qu'une hygiéniste dentaire travaillant dans un cabinet dentaire pour les mêmes procédures», a déclaré Donna Wells, gestionnaire de la pratique professionnelle de l'association.

«Le même salaire pour les mêmes procédures.»

À l’heure actuelle, la différence dépasse 20 pour cent dans certaines provinces, a-t-elle indiqué.

Ce conflit n'est que la dernière d'une série de critiques émanant de praticiens qui préviennent que les faibles taux de remboursement et les lourdes charges administratives menacent le succès du nouveau régime.

Santé Canada n'a pas immédiatement répondu à une demande de commentaires et a jusqu'à présent refusé à plusieurs reprises de préciser combien de praticiens ont adhéré au programme, sauf pour dire qu'ils seraient des «milliers».

Le programme est un pilier du pacte politique des libéraux avec le Nouveau Parti démocratique et devrait offrir une couverture parrainée par le gouvernement aux familles non assurées dont le revenu annuel est inférieur à 90 000 $.

Ce projet devrait coûter 13 milliards $ sur cinq ans et profiter à près de neuf millions de Canadiens.

L'association des hygiénistes affirme qu'elle a soulevé la question sur la différence de paiement il y a des semaines, et Mme Wells s'est dite surprise de voir que l'écart figure toujours dans les guides publiés la semaine dernière.

«Le mot discrimination nous traverse l'esprit, il est entré dans nos conversations», a-t-elle indiqué. La main-d’œuvre hygiéniste est composée à 97 % de femmes, a-t-elle soulevé.

Selon elle, les tarifs suggérés par les associations provinciales de dentistes et d'hygiénistes indiquent souvent que les hygiénistes indépendants sont moins payés pour les mêmes services, mais le régime fédéral creuse considérablement l'écart.

Par exemple, au Manitoba, le programme paiera un cabinet de dentiste 62,80 $ pour une unité de nettoyage, mais un hygiéniste indépendant ne recevra que 49,04 $.

Les hygiénistes indépendants ont les mêmes coûts et frais généraux qu'un service d'hygiénistes dans un cabinet dentaire, a indiqué Mme Wells, en précisant que ceux et celles qui proposent des services mobiles doivent payer des frais de déplacement.

Le remboursement inférieur signifie que les patients devront payer de leur poche ou que les hygiénistes devront absorber le coût.

«Ce n'est pas juste pour le patient. Ce n'est pas non plus juste pour l'hygiéniste dentaire de devoir couvrir ce coût pour son entreprise», a-t-elle déploré.

Le ministre fédéral de la Santé, Mark Holland, a déclaré la semaine dernière qu'il s'attend à une «participation massive» au programme de la part des prestataires de soins dentaires et qu'il envisage de modifier le processus d'inscription pour alléger le fardeau administratif.

Il a également averti récemment que le programme ne serait pas parfait dès le départ, mais qu'il évoluerait au fil du temps.

Laura Osman, La Presse Canadienne

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