LES CONSERVATEURS ACCUSENT VIRANI DE POLITISER LE BUREAU DE LA GOUVERNEURE GéNéRALE

OTTAWA — Un porte-parole du chef conservateur Pierre Poilievre a déclaré que le ministre canadien de la Justice, Arif Virani, «devrait avoir honte» après avoir «politisé et exploité» le bureau non partisan de la gouverneure générale du Canada, Mary Simon, lors d'un colloque sur les préjudices en ligne qui a eu lieu la semaine dernière.

M. Virani avait publié sur ses réseaux sociaux des photos de lui avec des «experts de l'industrie» lors de l'événement organisé à Rideau Hall, vantant son projet de loi vivement débattu sur les préjudices en ligne.

Dans sa publication, Virani affirmait qu'il avait discuté du projet de loi C-63 avec des personnes présentes.

Sebastian Skamski, porte-parole de Pierre Poilievre, a décrit l'exercice comme «une campagne pathétique visant à promouvoir un projet de loi controversé qui a reçu de nombreuses critiques». Le Parti conservateur du Canada s'oppose au projet de loi.

De son côté, le bureau de Mary Simon affirme que le colloque a rassemblé des gens qui ont parlé de leurs expériences personnelles sur le contenu préjudiciable en ligne. L'ordre du jour ne comprenait aucune discussion sur le projet de loi C-63.

Lynne Santerre, directrice adjointe des affaires publiques de la gouverneure générale, a dit que la gouverneure générale continuerait à plaider en faveur du «respect numérique», malgré les suggestions selon lesquelles il serait inapproprié pour elle d'intervenir.

Selon Mme Santerre, l'événement de la semaine dernière était en préparation depuis 2023 et sa «planification et son organisation» étaient dirigées «exclusivement» par le bureau de Mme Simon.

Elle a utilisé son «pouvoir de mobilisation» pour rassembler un large éventail d'intervenants à Rideau Hall, y compris des députés et des sénateurs «qui s'étaient prononcés sur la question des abus en ligne», d'après Mme Santerre.

«Le colloque a donné l'occasion aux participants d'établir des liens et de collaborer sur des solutions potentielles», a-t-elle affirmé.

Le bureau de Mary Simon a confirmé que parmi les parlementaires invités, seuls M. Virani et la sénatrice indépendante Bernadette Clement étaient présents.

Des journalistes ont aussi pris part à l'événement, incluant un de La Presse Canadienne.

Dans un communiqué, le ministre Virani a déclaré qu'il ne s'était présenté que pour le dîner et que le projet de loi en était venu «naturellement» à être abordé.

«Il est décevant de voir un événement organisé de bonne foi pour offrir aux victimes un espace sûr où partager leurs expériences et discuter d'un problème qui préoccupe largement les Canadiens, faire l'objet de critiques totalement injustifiées», a-t-il déploré.

M. Virani a expliqué qu'il était heureux d'accepter l'invitation de Mme Simon pour soutenir les participants qui partageaient des expériences d'abus et de harcèlement en ligne et «discuter du problème social urgent de la sécurité en ligne».

L'expert parlementaire et professeur à l'Université Carleton, Philippe Lagassé, soutient que le colloque était «risqué». Selon lui, le ministre Viriani n'aurait pas dû être présent à l'événement.

Le rôle de gouverneur général est strictement non partisan et nécessite beaucoup de travail pour établir des ponts au-delà des lignes de parti et des «divisions idéologiques», a expliqué M. Lagassé.

«Plus cela devient personnel pour le gouverneur général, plus il doit s'assurer qu'il n'y touche pas si cela fait partie d'un débat majeur dans le pays, car alors sa partialité devient évidente.»

Mary Simon a déployé des efforts pour sensibiliser aux abus en ligne depuis que son bureau a décidé de désactiver les commentaires sur ses comptes de réseaux sociaux l'année dernière, à la suite d'une avalanche de remarques harcelantes.

Elle aurait dû suspendre ces efforts dès que le projet de loi a été déposé, d'après M. Lagassé.

Projet de loi

La loi sur les préjudices en ligne, si elle est adoptée, obligerait les sociétés de réseaux sociaux à limiter l'exposition de leurs utilisateurs à des contenus préjudiciables, en particulier à tout ce qui pourrait être utilisé pour intimider un enfant ou encourager un mineur à s'automutiler.

La loi encadrerait également la création d'un nouveau régulateur numérique et obligerait les entreprises à supprimer rapidement les images d'abus sexuels sur des enfants et les images sexuelles partagées sans consentement.

Le Parti conservateur du Canada estime que les lois déjà existantes devraient être appliquées pour protéger les personnes vulnérables en ligne plutôt que de «s'en remettre à une nouvelle bureaucratie», a déclaré Sebastian Skamski. Il a accusé M. Trudeau de vouloir interdire les opinions avec ce projet de loi.

Arif Virani et les responsables du ministère de la Justice affirment que les changements ne s'appliqueraient qu'aux cas extrêmes et qu'un seuil élevé de préjudice devrait être atteint pour qu'un discours de haine se rende au tribunal canadien des droits de la personne.

Des groupes sociaux et des experts juridiques disent craindre un refroidissement de la liberté d'expression en raison des sanctions plus rigides qui seront appliquées si le projet de loi est adopté.

Stephanie Taylor, La Presse Canadienne

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