LES GROUPEMENTS FORESTIERS CONTREDISENT LA MINISTRE DES FORêTS

Le refus de la ministre des Ressources naturelles et des Forêts d'octroyer 350 000 $ pour reconduire un projet-pilote qui améliore les conditions d'emploi des travailleurs sylvicoles du Bas-Saint-Laurent fait bondir l'industrie forestière.

Jeudi, la ministre Maïté Blanchette Vézina a justifié sa décision en affirmant que les entreprises sylvicoles avaient les moyens financiers pour offrir des conditions attrayantes aux travailleurs. Elle avance que les groupements forestiers ont bénéficié d'une hausse tarifaire supérieure à l’inflation, telle que calculée par le Bureau de mise en marché des bois (BMMB).

Le conseiller stratégique à la Fédération des groupements forestiers du Bas-Saint-Laurent, Luc Lavoie, dit avoir été excessivement déçu d’entendre de tels propos. Et un peu, je vous avoue, frustré de la situation parce que je sens de l’incompréhension de la part de la ministre, ajoute-t-il.

Selon la Fédération, les entreprises sylvicoles n’ont aucune marge de manœuvre pour majorer le salaire de leurs travailleurs et offrir des conditions équivalentes à ce qui leur était offert pendant les quatre années du projet pilote, soit entre 2020 et 2023. C’est d’ailleurs le gouvernement du Québec qui paie ces entreprises pour faire de l’aménagement forestier, c'est-à-dire, du reboisement et du débroussaillage.

Ce type d’inflation n’est pas comparable à l’indice des prix à la consommation. Le BMMB en tient compte, mais y ajoute aussi le coût de la machinerie, le prix de l’essence, du transport, de la voirie et de la main-d’œuvre. C'est ainsi qu'est établi le montant qui sera versé par la province pour que les travaux soient effectués. Autrement dit, ce que ça nous coûte, c’est ce qu’ils nous paient pour faire ces travaux-là, donc il n’y a pas de marge de manœuvre, explique Luc Lavoie.

Quel avenir pour la forêt ?

Alors que le début des travaux d’aménagement forestier est prévu pour la deuxième semaine de mai, le président de la Fédération des groupements forestiers du Bas-Saint-Laurent, Pierre Sirois, se demande si les travailleurs seront au rendez-vous si on leur offre des conditions salariales inférieures à ce qu’ils ont connu au cours des quatre dernières années. On pense qu’on va avoir de la difficulté à les retenir, affirme-t-il.

Conséquence : certains travaux devront être mis de côté si le bassin de travailleurs est insuffisant. On ne le verra pas de manière immédiate, mais c’est certain qu’à moyen terme, [il y aura] des conséquences importantes sur la forêt dans le Bas-Saint-Laurent, dit le président.

De nombreux partenaires ont déjà confirmé leur intention de participer financièrement au projet pilote de rémunération mixte des travailleurs forestiers, mais il manque la contribution du ministère des Ressources naturelles et des Forêts. 350 000 $ pour la forêt dans le Bas-Saint-Laurent, je pense que ce n’est pas beaucoup d’argent pour permettre à ce projet-là de subsister, déclare Pierre Sirois.

Même son de cloche chez Serge Desrosiers, qui travaille pour le compte du Groupement forestier Mitis-Neigette depuis 32 ans. Il y a des recrues qui vont probablement aller ailleurs parce que le marché du travail est ouvert pas mal, croit-il. M. Desrosiers indique qu’au moins trois de ses collègues ne souhaitent pas poursuivre leur carrière sans prolongement du projet pilote qui leur conférait une foule d’avantages.

Il aimerait que le gouvernement provincial considère sa participation financière comme un investissement et non comme une dépense. Mettez vos priorités à la bonne place. Qu’est-ce qui est important, la toile du Stade ou de donner des conditions de travail? , demande Serge Desrosiers, qui est aussi président du Syndicat national de la sylviculture.

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