LES INNUS, LE CARIBOU ET L’ENVIRONNEMENT, DES PIONS DANS UN JEU POLITIQUE

Les caribous du Québec meurent et sont en voie de disparition en raison de la négligence et du développement économique incontrôlé. Ni le premier ministre Justin Trudeau, ni le premier ministre François Legault, ni le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, ne passent leurs nuits à rêver des hardes de caribous. Les caribous ne sont devenus importants que parce qu’ils peuvent être utilisés comme pions politiques par trois importants partis pour marquer des points et espérer obtenir des votes.

Cette négligence envers les caribous illustre également la négligence systémique dont souffrent les communautés autochtones au Canada, une négligence particulièrement évidente au Québec, où le gouvernement de la CAQ, sous la direction du premier ministre Legault, continue de privilégier les intérêts économiques au détriment des droits et des besoins des Innus et d’autres peuples autochtones.

L’administration finit par nuire à tous ceux qui sont concernés, y compris à ses propres électeurs potentiels.

Les Innus demandent depuis longtemps la protection de leurs territoires traditionnels et la préservation des troupeaux de caribous, une espèce de grande importance culturelle et écologique. Pourtant, le gouvernement du Québec a constamment ignoré leurs appels. Il a plutôt choisi de répondre aux intérêts de sa base politique.

Cette focalisation sur le soutien politique plutôt que sur des relations significatives avec les peuples autochtones se retourne maintenant contre lui, en particulier dans les régions rurales du Québec, où les effets seront les plus fortement ressentis.

Le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, est intervenu dans la mêlée. Malgré une opposition significative des factions conservatrices à l’intérieur et à l’extérieur du Québec, il a montré une volonté de défier le statu quo en faveur de l’environnement.

M. Guilbeault a invoqué l’autorité fédérale pour faire passer des décrets d’urgence visant à protéger l’habitat du caribou au Québec, interdisant les activités qui contribuent aux menaces imminentes contre l’espèce. Le décret restreint les activités de coupe de bois et la création de nouvelles routes forestières, des mesures essentielles pour la survie des caribous. Cela aura un impact économique.

La Cour donne raison aux Innus

Dans une décision historique rendue le 21 juin, Journée nationale des peuples autochtones, la Cour supérieure du Québec a statué en faveur de la Première Nation des Innus Essipit et de la Première Nation des Pekuakamiulnuatsh, aussi appelée Mashteuiatsh.

Le tribunal a ordonné au gouvernement du Québec de mettre en place un processus de consultation distinct avec ces communautés d’ici le 30 septembre 2024 concernant l’élaboration et la mise en œuvre de la stratégie sur les caribous forestiers et montagnards.

La Cour a affirmé que le devoir qui incombe aux autorités gouvernementales de mettre en œuvre les moyens de promouvoir la réconciliation avec les communautés autochtones ne peut conduire à aucune autre conclusion.

Le chef de Mashteuiatsh, Gilbert Dominique, a salué la décision comme un grand pas en avant pour la reconnaissance et la protection des droits des Autochtones, soulignant la nécessité d’une relation respectueuse de nation à nation.

Cette décision a offert à M. Guilbeault et au gouvernement fédéral une occasion de présenter une vision différente de celle du Québec, une vision qui inclut la gestion environnementale et le respect de la souveraineté autochtone. Ce faisant, les libéraux vont peut-être se procurer des votes supplémentaires aux prochaines élections fédérales.

Le Bloc québécois, traditionnellement considéré comme un défenseur de l’environnement, a révélé ses véritables couleurs en s’alignant sur le gouvernement provincial quant à cette question.

En s’opposant aux décrets d’urgence fédéraux visant à protéger l’habitat du caribou, le Bloc s’est aligné avec ceux qui privilégient les gains économiques à court terme au détriment de la durabilité environnementale à long terme et des droits des Autochtones. Cet alignement place le Bloc, la CAQ et les conservateurs du même côté, tous s’opposant à des mesures qui pourraient assurer la survie d’une espèce emblématique et le respect de l’environnement et des peuples autochtones.

Comment les électeurs préoccupés par l’environnement dans les centres urbains comme Montréal vont-ils réagir à cette position du Bloc contre la protection de l’environnement?

Environnement contre économie

Les Innus et les caribous se trouvent malheureusement à être des pions dans ce jeu politique plus vaste. Leur souveraineté et leurs droits sont utilisés par diverses factions pour atteindre différents objectifs.

La position agressive récente du gouvernement du Québec contre M. Guilbeault, accusant le ministre fédéral de mettre en danger les moyens de subsistance de 2000 familles si les décrets d’urgence sont adoptés, est un exemple typique de cette manipulation.

Les ministres québécois de l’Environnement et des Forêts, Benoit Charette et Maïté Blanchette Vézina, ont clairement indiqué qu’ils considèrent ces mesures d’urgence comme une menace directe pour l’économie provinciale, en particulier dans les régions fortement dépendantes de la foresterie. Pourtant, alors qu’ils avaient la chance de créer un plan depuis 2016, ils n’ont rien fait.

Hydro-Québec est un autre acteur dans ce jeu politique avec ses ambitions de mégaprojets éoliens, y compris dans des zones habitées par des caribous, compliquant encore la situation. Ces projets, bien qu’ils puissent être bénéfiques pour la production d’énergie verte, pourraient avoir des impacts dévastateurs sur les populations de caribous déjà vulnérables.

L’intervention du gouvernement fédéral, bien qu’elle puisse sembler uniquement axée sur la durabilité environnementale, pourrait en réalité être vue comme une manœuvre pour détourner les électeurs des zones urbaines de Montréal du Bloc et les ramener dans le giron libéral.

Les Innus, ainsi que d’autres communautés autochtones, doivent être au cœur de ces discussions. Leur lien culturel profond avec la terre et ses espèces offre des perspectives et des solutions inestimables qui peuvent conduire à des résultats plus durables et équitables.

Le gouvernement fédéral, sous la direction de Steven Guilbeault, a l’occasion de créer un précédent qui respecte la souveraineté autochtone, priorise la protection de l’environnement et cherche à construire une société plus inclusive et juste.

Le conflit en cours autour du caribou au Québec est plus qu’une lutte politique : c’est un test de notre engagement envers les droits des Autochtones et la gestion environnementale.

Alors que nous naviguons dans ce paysage complexe, il est impératif de recentrer les voix et les droits des communautés autochtones, en reconnaissant leur souveraineté et leurs contributions inestimables à notre avenir collectif. Le moment est venu pour une action significative et un partenariat authentique.

2024-07-27T08:12:51Z dg43tfdfdgfd