LES TROIS ACCUSéS ONT éTé RECONNUS COUPABLES AU PROCèS DU BLOCUS FRONTALIER DE COUTTS

LETHBRIDGE, Alb. — Trois hommes accusés par la Couronne d'avoir aidé à diriger et à coordonner le blocus des manifestations contre la COVID-19 à Coutts, en Alberta, en 2022 ont été reconnus coupables de méfait.

Les jurés ont délibéré pendant trois heures, mardi soir, avant de déclarer Alex Van Herk, Marco Van Huigenbos et Gerhard (George) Janzen coupables chacun d'un chef d'accusation de méfait de plus de 5000 $.

Des cris de surprise ont été entendus dans une salle d'audience remplie de partisans du trio lorsque le verdict a été annoncé.

Les trois hommes étaient jugés devant la Cour du Banc du Roi pour leur rôle dans un blocus qui a bloqué le trafic transfrontalier entre le Canada et les États-Unis à Coutts pendant deux semaines, au début de 2022, pour protester contre les règles et restrictions liées à la COVID-19.

Plus tôt mardi, dans ses plaidoiries devant le jury, le procureur de la Couronne, Steven Johnston, a déclaré que les jurés n'avaient qu'à conclure que les trois hommes soutenaient manifestement le blocus pour rendre un verdict de culpabilité.

«Le droit de manifester ne permet pas d'assiéger une propriété pendant deux semaines, a-t-il lancé au jury. Un acte ou une déclaration d'encouragement peut suffire à condamner. La Couronne n'a pas à prouver que ces hommes étaient les dirigeants.»

La Couronne a soutenu que les preuves montrent que les accusés étaient des acteurs clés et sont devenus des visages du blocus.

Le procureur Johnston a affirmé que les trois avaient parlé au nom des manifestants.

«Ils utilisent les mots "Nous, le convoi Coutts". Ce ne sont pas de simples messagers. Ils utilisent les mots "Nous" et "notre".»

Les avocats de la défense n'ont présenté aucune preuve au cours du procès et les accusés n'ont pas témoigné.

Cependant, lors du contre-interrogatoire des témoins, la défense a soutenu que le trio n’était pas coupable parce que la manifestation impliquait de nombreuses personnes qui n’étaient pas toujours d’accord entre elles publiquement.

Dans sa plaidoirie finale, l'avocat de la défense Ryan Durran a déclaré aux jurés que son client, Van Huigenbos, n'était pas un leader mais qu'il avait été transformé en messager par la GRC.

«Marco était là pour faire passer un message. Il avait un rôle de porte-parole. Il donnait à la GRC les nouvelles de la journée.»

M. Durran a ajouté que M. Van Huigenbos faisait partie d'un groupe qui n'avait pas réussi à mettre fin au blocus.

«Voilà pour le leadership. Il ne l’a pas commencé, il ne l’a pas contrôlé et il n’y a pas mis fin. Mais il a porté le message.»

Selon lui, les trois accusés ne peuvent pas être blâmés pour les actions d'une «horde de manifestants».

L'avocat Michael Johnston, représentant Van Herk, a déclaré que son client avait tenté en vain à deux reprises de convaincre les manifestants de partir et qu'il craignait d'enfreindre les lois fédérales.

«Tout le monde à la manifestation n'est pas coupable d'un crime, a argué M. Johnston. (Van Herk) n'avait d'influence dans l'esprit de personne.»

L'avocat de Janzen, Alan Honner, a avancé que son client était toujours prêt à aider les autres manifestants à régler leurs problèmes et à travailler avec la GRC.

«C'est le vrai George Janzen. Il aide parce que c'est ce qu'il est», a insisté M. Honner.

«Faites preuve de bon sens»

Avant que les jurés ne commencent leurs délibérations, le juge Keith Yamauchi a rappelé qu'une condamnation pour méfait ne peut être obtenue que s'il y a eu entrave à la propriété, si l'action était illégale, si la conduite était délibérée et s'il y avait une intention de commettre un crime.

«Faites preuve de bon sens», a-t-il ordonné au jury.

Au cours du procès, la Couronne a appelé une poignée de témoins, dont des membres de la GRC qui étaient sur les lieux et l'ancien maire de Coutts, Jim Willett.

Les agents ont témoigné qu'à mesure que la manifestation se prolongeait, la direction de celle-ci s'est concentrée autour des trois accusés et la GRC s'est de plus en plus tournée vers eux pour négocier.

Le sergent Greg Tulloch a indiqué au tribunal la semaine dernière qu'il s'efforçait d'établir un dialogue avec les manifestants et qu'il avait identifié M. Van Huigenbos comme le principal contact.

M. Tulloch a déclaré qu'il considérait M. Van Huigenbos comme étant au centre du cercle restreint de la protestation, suivi de M. Janzen et, dans une moindre mesure, de M. Van Herk.

La défense a montré une vidéo du lieu de rassemblement des manifestants, Smuggler's Saloon, où l'on entend M. Van Herk demander un vote pour essayer de faire partir tout le monde, mais il se heurte à une opposition. «Je m'en fiche, laissez-les venir», dit un homme sur la vidéo. «La seule façon pour moi de partir, c'est dans une voiture de police», lance un autre.

On a demandé à Willett en contre-interrogatoire s'il y avait un groupe en charge de la manifestation.

«C'était un groupe de gens que je ne connaissais pas, qui conduisaient des véhicules et qui étaient en colère», a-t-il répondu.

Bill Graveland, La Presse Canadienne

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