QUéBEC NOMME UN CONCILIATEUR POUR LES NéGOCIATIONS DANS LE SECTEUR PUBLIC

Le gouvernement du Québec mandate un conciliateur afin d’en « arriver le plus rapidement possible à une entente négociée » avec les syndicats du Front commun, qui amorcent mardi une séquence de grèves dans le secteur public. Faisant cavalier seul dans les négociations, la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) et la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) affirment, chacune de leur côté, ne pas envisager « pour le moment » de recourir à la conciliation.

Le ministre du Travail, Jean Boulet, a annoncé la nomination d’un conciliateur lundi sur les réseaux sociaux.

 

Une décision saluée par la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel. « Nous prenons les moyens à notre disposition pour en arriver à une entente le plus rapidement possible », a-t-elle affirmé dans une déclaration transmise aux médias. « C’est pourquoi nous accueillons positivement l’arrivée d’un conciliateur pour favoriser les échanges avec le Front commun. Je remercie mon collègue Jean Boulet, ministre du Travail, d’avoir agi rapidement pour sa nomination. »

La nomination a été faite à la suite d’une demande déposée jeudi par le front commun des syndiqués du secteur public représentés par la Confédération des syndicats nationaux, l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux, la Centrale des syndicats nationaux (CSQ) et la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec. Ces syndicats représentent 420 000 employés de la santé, des services sociaux et de l’éducation, qui exerceront à partir de mardi des mandats de grève.

De source syndicale, des discussions sont en cours en vue d’une rencontre à laquelle prendraient part le conciliateur et les parties.

Le médiateur pourra aider les parties à « réévaluer leurs demandes » et à « faire de l’élagage » dans celles-ci, selon Jean-Claude Bernatchez, professeur titulaire en relations de travail à l’Université du Québec à Trois-Rivières. « Il peut intervenir sur les questions qui ne sont pas salariales, précise-t-il. Généralement, il va commencer par proposer des solutions pour ce qui est plus facile à régler, [puis s’en aller] vers ce qui est plus difficile. »

Pas de conciliateur pour l’instant

La FIQ, qui ne fait pas partie du Front commun, affirme ne pas avoir demandé de conciliateur ou avoir l’intention de le faire à « court terme ». Les membres de la FIQ vont débrayer deux jours à partir de jeudi.

La conciliation n’est pas non plus dans les cartons de la FAE. « Pour nous, en ce moment, on misait un peu sur l’évolution des discussions aux tables pour avancer, dit sa présidente, Mélanie Hubert. On garde espoir que ce sera possible. Mais s’il faut s’y rendre [à la médiation], ce serait un outil qu’on évaluera parmi les autres. »

Les 66 500 membres de la FAE amorceront jeudi une grève générale illimitée, sans pouvoir compter sur un fonds de grève. « Ils le savaient quand ça a été voté, indique Mélanie Hubert. Ça montre à quel point le ras-le-bol est généralisé, à quel point les membres sont déterminés à faire entendre leur voix par tous les moyens possibles, incluant un moyen qui sera difficile à assumer pour eux-mêmes, d’abord et avant tout. »

La FAE a recommandé aux enseignants de se constituer un « fonds de prévoyance » en vue de cette grève générale illimitée. « On leur a dit de prendre tous les moyens, particulièrement prendre des arrangements avec les créanciers hypothécaires, la voiture, le câble, la téléphonie, ainsi de suite », poursuit-elle.

Les quelque 95 000 membres de la Fédération des syndicats de l’enseignement, affiliée à la CSQ, n’ont pas non plus de fonds de grève — sauf de « rares exceptions » locales « pour certaines compensations », indique-t-on. Une situation qui n’est pas nouvelle et qui s’explique par le coût « onéreux » associé à un tel fonds, selon Lorraine Pagé, qui a présidé la CSQ de 1988 à 1999.

« Les membres seraient obligés de verser un montant important chaque mois pour réussir à constituer une cagnotte suffisamment importante pour financer 95 000 personnes en grève pendant 10, 12, 15, 20 jours, explique-t-elle. Ça devient inaccessible, compte tenu du nombre de personnes qui sont engagées dans le mouvement de grève. »

D’après Lorraine Pagé, l’absence de fonds de grève ne freine pas les ardeurs des grévistes. La question de l’argent est surtout abordée, a-t-elle observé, lors des assemblées générales où un vote de grève est demandé. « Un coup qu’on l’a votée, on s’est fait comme à l’idée, dit-elle. Souvent, on va avoir commencé à mettre un peu d’argent de côté […] et on n’en entend plus vraiment parler. Quand la grève commence, les gens sont portés par la détermination. »

Avec Jasmine Legendre

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