«RéNOVICTIONS» à GRANBY: QUéBEC SOLIDAIRE SE PORTE à LA DéFENSE DE PERSONNES âGéES

GRANBY, Qc — Québec solidaire (QS) se porte à la défense d’un groupe de locataires de Granby qui seraient menacés d’éviction, et demande de mieux protéger les aînés des impacts de la crise du logement.

Suzanne Gibeault, âgée de 71 ans, affirme que les résidants de l’immeuble où elle vit depuis 6 ans sur le boulevard Fortin se font «harceler» par le nouveau propriétaire, qui souhaite que les locataires résilient leur bail, sous prétexte d’effectuer des travaux majeurs.

«Ils veulent évincer tout le monde, c’est 50 portes à peu près», a indiqué Mme Gibeault lors d’une conférence de presse organisée par Québec solidaire devant les édifices à logements du propriétaire.

Sa voisine, Louise Patenaude, qui a 79 ans et qui habite le même logement depuis 22 ans, dit «vivre beaucoup de stress» et faire de l’insomnie depuis le 13 mars, moment où le propriétaire leur aurait fait part de ses intentions pour la première fois.

«On dirait qu’on a arrêté de vivre», explique la dame, convaincue que son logement n’a pas besoin d’être rénové.

«Vous pouvez venir visiter!», lance Mme Patenaude aux journalistes pour les convaincre que des rénovations ne sont pas nécessaires et que les locataires sont tout simplement victimes de «rénovictions».

Elle accuse son propriétaire de lui faire du chantage par le biais de deux représentants, des hommes, qui l’a visitent et lui répètent qu’ils devront «couper l’eau et l’électricité».

Elle réclame d’être «traitée comme un être humain».

«J'aimerais qu'on reçoive de l'aide de notre député, M. (François) Bonnardel», lance Mme Patenaude.

Une «passe d’argent»

«On est devant un propriétaire qui veut faire une passe d'argent sur le dos de ces personnes-là qui sont extrêmement vulnérables», selon la députée de QS Christine Labrie.

Mmes Patenaude et Gibeault paient entre 600 $ et 700 $ de loyer mensuellement.

«Si les locataires signent cette résiliation de bail, elles vont devoir essayer de se reloger. Ça va leur coûter 1000 $, ou 1200 $ ou 1300 $ par mois. Ça va engendrer des sacrifices énormes sur leur qualité de vie. Ça peut même les envoyer à la rue», dénonce Christine Labrie.

La Presse Canadienne a fait une demande d’entrevue au propriétaire des immeubles, Trifonas Geramanis, mais l’agence de presse n’avait pas encore reçu de réponse au moment de publier ces lignes.

Renforcer la loi Françoise David

La loi Françoise David, qui a été adoptée en 2016, stipule qu’un aîné de plus de 70 ans avec un revenu très faible qui habite son logement depuis plus de 10 ans ne peut être évincé.

Mme Patenaude peut donc, selon la loi, être protégée d’une éviction, car elle remplit ces deux critères. Toutefois, sa voisine, Suzanne Gibeault, ne répond pas au dernier critère, car elle occupe son logement depuis moins de 10 ans.

Québec solidaire a récemment présenté le projet de loi 198, dont l’objectif est d’élargir les critères afin d’inclure notamment les personnes de 65 ans et plus qui vivent dans leur logement depuis au moins cinq ans.

«Il y a une lueur d'espoir parce que le premier ministre a accepté de collaborer avec nous», a expliqué le porte-parole de QS, Gabriel Nadeau-Dubois, lors de la conférence de presse devant l’immeuble.

Le gouvernement Legault a en effet manifesté l’intention d’appeler prochainement le projet de loi 198 de Québec solidaire (QS).

«D’ici la fin de la session parlementaire, il faut qu’on soit capable de s’entendre», a fait valoir M. Nadeau-Dubois.

QS demande également l’imposition d’un moratoire sur les rénovictions dans les secteurs où le taux d'inoccupation se situe en deçà de 3 %.

Stéphane Blais, La Presse Canadienne

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