Sophie Grégoire Trudeau comprend le désir de son ex-conjoint, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, de continuer en politique et l’importance de lui « céder sa liberté ».
Après des années en montagnes russes au cours desquelles sa famille a été propulsée dans les sphères du pouvoir, la militante pour la santé mentale tente de faire œuvre utile avec son nouvel ouvrage. Elle espère que ses épreuves personnelles pourront servir aux lecteurs.
En entrevue à Radio-Canada, elle se confie sur la stabilité de sa cellule familiale, sa séparation et ses inquiétudes devant la polarisation du discours politique.
Je ne pense pas que la résilience, c'est de prendre contrôle de la vie. C'est plutôt de prendre le contrôle de soi-même dans la vie. J'ai eu assez d’obstacles, de nouvelles expériences, de nouveaux liens, de moments incroyablement enrichissants et de moments beaucoup plus difficiles.
Puis, j’ai regardé plus profondément en moi pour me comprendre davantage à travers l'adversité et savoir m'asseoir avec ma souffrance, l'accepter, me voir sous ma vérité. Ça fait mal. Ça prend du courage. Je pense que j'en suis sortie grandie, plus calme, plus ancrée. Mais ça ne vient pas tout seul, ça prend du travail, faire tout ça.
Des fois, on peut être désillusionné par la perception que le monde peut avoir de nous, quand on est une bonne personne. Moi, je suis une personne aimante et je veux le mieux pour l'autre. Donc, des fois on se dit : Coudonc! Qu’est-ce que j'ai fait pour que les gens pensent ça de notre vie ou de nos enfants, ou du père qui est là, qui essaie de faire de son mieux pour instaurer plus de justice dans notre société?
J'ai compris avec le temps que les gens qui s'adressent à nous avec de la critique, souvent, ça en dit plus sur leur posture émotionnelle que ça en dit sur la nôtre.
D'être là, pas juste d'écouter, mais d'être vraiment là dans l'instant présent.
Je pense que de créer un espace sécuritaire dans sa famille, ça se développe dans les moments les plus difficiles. Mes enfants, mon partner
et moi, on a toujours été proches. On s'est toujours dit les vraies choses. On ne garde pas de secrets à l'intérieur de notre cercle familial.
Nous vivons dans un moment et une période de l’humanité qui est très inquiétante face à la perception que les gens ont du service public. Je pense que les gens ont une perception erronée de ce que ça veut dire, vivre dans une maison officielle et être au service des autres. Quand on voit quelques photos ici et là, en talons hauts dans des sommets ou entourés de gens qui ont beaucoup d'influence, ce n’est qu’une infime partie de la politique.
Alors je pense qu'il y a une rééducation à faire au niveau de ce que sont le service public et la politique. Et aussi, il ne faut pas décourager les gens. Quand on voit le paysage politique, la division et la polarisation, les gens avec de bonnes valeurs qui ont le cœur à la bonne place et avec une belle vision du monde, bien ces gens-là ne voudront plus en faire parce que c'est excessivement difficile. Alors je pense qu'on a la responsabilité de partager la réalité, ce que c'est vraiment.
Ce n’est pas à moi de décider si, dans le futur, une personne devrait avoir plus ou moins de ressources. Je souhaite que les personnes qui viendront après nous soient bien encadrées pour pouvoir donner le maximum possible.
Je n'ai jamais vu ma présence sur le chemin connexe des choix professionnels de mon partenaire comme étant un rôle. Je me suis dit, comment est-ce que je peux exprimer mon authenticité, mes qualités, pour pouvoir être davantage au service des autres? Et j'avais déjà commencé sur le chemin de la santé mentale. Donc, j'ai continué de choisir des causes. C'est comme un grand dénominateur commun universel, le bien-être et la santé mentale, puis la santé du cerveau. Donc, je n’ai jamais vu ça comme étant un rôle.
Est-ce que je pense que cette présence du conjoint ou de la conjointe d'un premier ministre est importante? Oui, tant et aussi longtemps que c'est fait avec intégrité et honnêteté. Si cette personne ne veut rien savoir des projecteurs ou en est intimidée, bien, que cette personne-là continue son propre chemin de vie.
C'est une belle question. Je pense que je le comprends. Mais surtout, quand on aime quelqu'un, même si ça fait mal, il faut savoir lui céder sa liberté. Et ça, c'est un grand signe d'amour.
Je trouve votre question essentielle. On a beaucoup d'immaturité relationnelle dans notre société. Pour nous, le mariage, c'est la réussite, et le divorce, l'échec. Mais la vie, ça se passe entre les deux et les enfants écopent des drames émotionnels.
De pouvoir grandir dans une relation qui change de structure, ça ne veut pas dire qu'on doit tuer la relation. Et je cite Esther Perel, la grande psychothérapeute belge, qui dit qu’on a tendance à vouloir terminer ou tuer une relation au lieu de la restructurer.
On ne devrait pas avoir honte de se dire les vraies choses dans nos relations, on devrait pouvoir exprimer nos désirs, notre honte, nos souffrances, peu importe ce que c'est, en se sentant en sécurité.
Mais là, c'est encore loin! (rires) À ses côtés? Mais bien sûr. On est une famille unie, on a encore plein d'amour qui nous unit. Et il n’y a pas de fin à ça.
Certaines réponses ont été raccourcies ou éditées, par souci de clarté et de concision.
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