SUBVENTIONS POUR L’AIDE AUX AîNéS : QUéBEC JUGE « DéGUEULASSE » L’ATTITUDE D’OTTAWA

Depuis des mois, des organismes communautaires font les frais d’un litige entre Ottawa et Québec au sujet de subventions destinées à des projets d'aide aux aînés. Pendant que les deux gouvernements s’accusent mutuellement de prendre en otage une population vulnérable, l’argent dort dans les coffres.

C’est dégueulasse! Je trouve ça dégueulasse d’avoir créé de faux espoirs! lance le ministre Jean-François Roberge, en montrant du doigt le gouvernement Trudeau.

S’il ne mâche pas ses mots, c’est parce que son gouvernement en a assez de porter l’odieux du blocage du programme fédéral Bien vieillir chez soi au Québec.

Dans le dernier chapitre de cette saga, les deux ordres de gouvernement se sont échangé des lettres rejetant la faute sur l’autre. Devant l’absence d’une réponse satisfaisante de son homologue, le ministre Roberge fait une sortie en règle, qualifiant l’attitude d’Ottawa de caprice politique.

Mais selon le bureau du ministre fédéral du Travail et des Aînés, Steven MacKinnon, c’est plutôt le gouvernement Legault qui fait preuve d’entêtement, en plus de jouer un jeu politique.

Une bataille sur le dos des aînés, déplorent des organismes

L'initiative Bien vieillir chez soi a été annoncée par Ottawa en 2022. Des organismes communautaires du Québec ont reçu une promesse de financement en début d’année, avant qu'elle leur soit retirée. L'explication fournie à leurs dirigeants : le gouvernement Legault n’autorise pas le versement des fonds du programme parce qu’il ne respecte pas l’un de ses champs de compétence.

En vertu de la Loi sur le ministère du Conseil exécutif, aussi appelée loi M-30, le gouvernement fédéral n’a pas le droit d’envoyer des chèques directement aux organismes. Une entente doit être conclue préalablement avec Québec, qui établit ses priorités. Cela signifie que les organismes, financés à plus de 50 % par le gouvernement québécois, doivent obtenir une autorisation avant de conclure une entente de financement avec Ottawa.

C’est le cas notamment du Centre communautaire l’Entraide Plus, en Montérégie. L’organisme, qui offre de menus travaux aux personnes âgées, avait reçu une réponse positive d’Ottawa pour sa demande de financement s’élevant à 568 000 $. Mais par la suite, la directrice générale Sylvie Blanchard a été informée que les fonds étaient gelés.

Irrité que son gouvernement passe pour celui qui bloque l’argent, le ministre Jean-François Roberge tient à expliquer sa vision.

Le restaurant communautaire Le Chic Resto Pop, à Montréal, s’attendait à recevoir 670 000 $ pour servir 2000 repas par semaine à 200 aînés du quartier Hochelaga-Maisonneuve. Il y a un mois, le directeur général Marc-André Simard a dénoncé la bataille fédérale-provinciale dans une lettre ouverte. Depuis, rien n’a changé, selon lui.

M. Simard demande à Québec d’accorder à ce programme une exemption de sa loi M-30. Si le gouvernement Legault refuse, il lui propose une autre solution : Si Québec pense qu’il est capable de négocier une entente de longue haleine avec le fédéral dans ce dossier, qu’il nous verse l’argent d’avance ou qu’il nous fasse une promesse de versement.

Ça prend un acte de bonne foi de part et d’autre

Sylvie Blanchard persiste à croire que les deux ordres de gouvernement font leurs efforts pour que le dossier aboutisse, mais le temps presse, puisque le programme Bien vieillir chez soi prendra fin au cours de l’année 2025.

Selon le cabinet du ministre Roberge, il est impossible d'accorder au programme une exemption de la loi M-30. À l’inverse, le cabinet du ministre fédéral MacKinnon croit que cela peut se faire, tout dépendant de la volonté politique.

Le ministre québécois Jean-François Roberge demande plutôt à son homologue de mettre de côté son attitude intransigeante pour signer un protocole qui assurerait au Québec que le pouvoir fédéral de dépenser est bien encadré. Le gouvernement Trudeau rejette cette solution, qu’il estime beaucoup trop compliquée.

En faisant cette sortie, le ministre Roberge espère accentuer la pression sur le gouvernement Trudeau.

Sylvie Blanchard croit toutefois que les organismes comme l'Entraide Plus n’auront tout simplement pas d'autre choix que de continuer de faire du bruit pour forcer les deux ordres de gouvernement à s’entendre.

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