UN NOUVEAU RETARD DANS LA MODERNISATION DES éQUIPEMENTS DE L’ARMéE CANADIENNE

L’opération de modernisation des véhicules utilitaires légers des Forces armées canadiennes – lancée en 2017 – ne sera pas menée à terme avant 2030… si aucune embûche ne retarde le calendrier.

Ce programme vise à moderniser la flotte militaire composée de Mercedes G-Wagons datant de la guerre d'Afghanistan, ainsi que de véhicules utilitaires civils, tels que des camionnettes et des VUS.

Selon le plan initial, les conditions d'achat de plus de 1600 véhicules devaient être fixées d'ici cette année, mettant ainsi le programme sur la voie d'un contrat signé.

Or, le ministère de la Défense nationale a récemment divisé en deux phases le programme. Ainsi, le ministère commencera par l'acquisition, l'année prochaine, de véhicules commerciaux prêts à l'emploi, et reportera l'achat de véhicules légèrement blindés aux années suivantes.

Qui plus est, le coût estimé du programme a augmenté pour atteindre entre 750 millions et 1 milliard de dollars, contre une projection initiale de 499 millions de dollars.

Une autre tuile s’abat donc sur les Forces armées canadiennes dont les difficultés de recrutement et de renouvellement d’équipement font la une des médias canadiens depuis plusieurs années.

Dates sujettes à changement

Le ministère de la Défense nationale indique que, dans la première phase du programme, il compte acheter 424 camions prêts à l'emploi par le biais de ce que l'on appelle des offres à commandes individuelles (similaires à un appel d'offre), pour un coût total d'environ 45 millions de dollars. Mais il faudra attendre 2025 avant que le ministère ne se mette à magasiner des camions.

Et la deuxième phase ne débutera pas avant l'automne 2025, lorsque le gouvernement fédéral lancera un appel d'offres pour remplacer les G-Wagons légèrement blindés.

La livraison des véhicules dans le cadre de la deuxième phase du projet devrait débuter en 2030, indique le ministère dans son communiqué. Comme pour tout projet d'approvisionnement, ces dates sont provisoires et sujettes à changement.

Si ce calendrier est respecté, un programme d’approvisionnement relativement simple aura donc fini par prendre 13 ans à mener à terme.

Si le programme a pris du retard, c'est qu'il demeure embourbé dans ce que le ministère de la Défense appelle la phase d'analyse des options.

Une étape que le ministère, dans un communiqué de presse, a défendue comme étant nécessaire pour garantir que ces nouveaux véhicules répondront aux besoins des Forces armées canadiennes, tout en offrant le meilleur rapport qualité-prix aux Canadiens et en maximisant la concurrence dans l'industrie.

Un système d'approvisionnement critiqué

Le programme de véhicules utilitaires légers est un parfait exemple de la façon dont un système d'approvisionnement, pétrifié par l'idée de faire des erreurs, peut prendre beaucoup de temps pour accomplir quoi que ce soit, note Steve Saideman, un expert en défense à l'Université Carleton.

Le ministre de la Défense, Bill Blair, croit par ailleurs qu'un certain degré de diligence raisonnable doit être appliqué à tout achat gouvernemental, mais qu'il existe une limite lorsqu'il s'agit d'achats moins complexes.

À plusieurs reprises et au cours de trois campagnes électorales, le gouvernement libéral a promis de régler le problème d'achat d'équipements de défense. Pour l'instant, les propositions sont restées lettre morte.

Le ministre Blair affirme toutefois qu'il travaille à réformer les processus d'approvisionnement.

L’une des sources de frustration pour les Forces armées canadiennes, pour le ministère de la Défense et son ministre ainsi que pour le gouvernement du Canada, c’est que nos processus d’approvisionnement comportent de très nombreux niveaux, ce qui ne nous permet pas toujours d’atteindre le résultat aussi rapidement que nous le devrions, admet-il.

Sous-financement chronique de l'armée canadienne

Le Canada a été critiqué à maintes reprises par ses alliés pour la lenteur de ses investissements en matière de défense.

Lors du récent sommet de l'OTAN à Washington, le premier ministre Justin Trudeau a reconnu qu'il faudrait attendre jusqu'en 2032 pour que le Canada atteigne enfin le seuil de dépenses militaires de 2 % du produit intérieur brut fixé par l'OTAN.

À titre d’exemple, en avril, les dépenses militaires représentaient 1,33 % du PIB canadien.

Ce n'est pas d'hier que les Forces armées sont sous-financées et sous-équipées et que l'armée connaît des problèmes lors de ses déploiements en raison du mauvais état ou de la désuétude de son équipement.

Par exemple, les Snowbirds sont à la croisée des chemins en raison de l’âge très avancé des avions CT-114 Tutor, en service au Canada depuis plus de 60 ans.

L’état de préparation elle-même au combat se détériore également : seulement 58 % des effectifs seraient en mesure de répondre à un appel urgent des alliés de l’OTAN en cas de crise. Pis encore, près de la moitié de l’équipement militaire du pays est considéré comme « indisponible ou inutilisable », selon un document interne de la Défense nationale daté du 31 décembre 2023.

D'après un reportage de Murray Brewster, de CBC News

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