UN PLAN DE RETOUR AU BUREAU QUI « CHOQUE » ET « INSULTE » LES FONCTIONNAIRES FéDéRAUX

A peine annoncée par le Conseil du Trésor, la nouvelle orientation encadrant le retour à trois jours au bureau pour les travailleurs de la fonction publique suscite déjà une farouche opposition des principaux syndicats de fonctionnaires fédéraux.

Nos membres sont extrêmement frustrés, puis insultés, et pour de bonnes raisons, a réagi le vice-président exécutif régional de l'Alliance de la Fonction publique du Canada (AFPC), Alex Silas, à l'émission Sur le vif.

Le représentant syndical dit être surpris de cette décision du gouvernement qui pourtant n’a pas été consensuelle. La semaine dernière, nous avons demandé au gouvernement en pleine face, que nous entendions des rumeurs que la politique changerait. On nous a dit non, confie t-il.

Dans un communiqué de presse, l’Institut professionnel de la fonction publique du Canada (IPFPC) dit s’opposer à l'hypothétique et soudain retour au bureau à trois jours semaine d'ici le mois de septembre.

L'IPFPC continuera de s'opposer à un régime unique de retour au bureau qui n’est pas appuyé sur de solides preuves, et de plaider en faveur de ce qui nous a été promis : une formule hybride sur mesure, qui tient compte des circonstances uniques et des exigences professionnelles des employé·e·s, écrit l'IPFPC.

Du côté de l'Association canadienne des employés professionnels (ACEP), on parle d'une décision désastreuse. Cette annonce est un désastre. Nous sommes choqués par cette décision qui a été prise en secret, sans consultation et sans raison valable, déclare son président Nathan Prier.

La groupe syndical promet de se joindre à ses membres pour lutter contre cette décision qui selon lui fait fi du bon sens.

L'ACEP a d'ailleurs lancé une pétition en ligne pour inviter ses membres à protester contre cette nouvelle mesure auprès de la ministre Anita Anand et des députés de la chambre des communes. Celle-ci totalise déjà plus de 9 000 lettres envoyées.

Une mesure qui entre en vigueur en septembre

Comme annoncé il y a quelques jours, le retour à trois jours au bureau pour les fonctionnaires fédéraux se précise avec cette mise à jour du modèle de travail hybride commun publié mercredi.

Le plan exige une présence au bureau de 60 % de l’horaire régulier des fonctionnaires sur une base hebdomadaire ou mensuelle. L’application de cette orientation permettra de veiller à ce que les fonctionnaires aient les outils nécessaires pour réussir sur place et à distance, indique le Conseil du Trésor.

Les cadres devront aussi être présents au bureau au moins quatre jours par semaine, selon la nouvelle règle. La mise en œuvre de ce modèle de travail hybride entrera en vigueur à compter du 9 septembre 2024.

Défis d’espaces?

Alors que les syndicats s’insurgent contre ces nouveaux changements, le retour en présentiel trois jours par semaine risque de présenter des défis en matière d’espaces de bureaux.

Dans une note interne envoyée aux employés du ministère de l’Innovation, des Sciences et du Développement économique du Canada et dont Radio-Canada a obtenu copie, on apprend que des journées fixes de travail pourraient être imposées à ces fonctionnaires en raison du manque d’espaces.

Cet enjeu a aussi été mentionné par les syndicats de la fonction publique qui déplorent que le gouvernement n'ait pas pris en compte cette donnée dans leur mise à jour.

Le gouvernement n’a pas non plus abordé les problèmes liés à la politique actuelle, dont les environnements de travail malsains, le manque d’espace de bureau et l’absence de mesures d’adaptation nécessaires, peut-on lire dans le communiqué de l’ACEP.

Le défi du manque d’espace pourrait continuer de faire réagir au cours des prochaines semaines alors que le gouvernement souhaite se départir de 50 % de ses espaces de bureaux, comme annoncé dans son récent budget.

Surveillance étroite en vue

Selon les nouvelles règles annoncées, les administrateurs généraux seront responsables de mettre en œuvre des régimes de vérification et de tenir à jour les données sur les ressources humaines pour leur ministère ou organisme.

La présence sur place pourrait être mesurée à l’aide des données des tourniquets, des rapports de présence actuels et/ou des données de connexion au protocole Internet (IP)  afin de pouvoir obtenir des données ministérielles agrégées, peut-on lire dans le document préparé par le Conseil du Trésor.

Rappelons qu'en 2023, le Conseil du Trésor avait établi que les fonctionnaires fédéraux devaient travailler en présentiel au moins deux jours par semaine. Cette mesure avait été mise en place, deux ans après, l'instauration du télétravail à la fonction publique en raison de la pandémie de COVID-19.

Avec les informations d’Estelle Côté-Sroka

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