À L’ONU, UN APPEL à AIDER LA JEUNESSE AUTOCHTONE POUR éTEINDRE LES INCENDIES DE LA PLANèTE

Se battre « chaque minute, chaque seconde » pour la jeunesse autochtone. C’est la promesse de la présidente de la 23e session de l’Instance permanente des Nations unies sur les questions autochtones, Hindou Ouhmarou Ibrahim, qui a plaidé pour l’autodétermination et davantage de financement direct.

Honoré, répète Cheyenne Kitchikake alors que cet autochtone de l’île de Manitoulin, en Ontario, regarde les officiels s’installer à la tribune.

Il se dit honoré de représenter son pays et de travailler avec la cheffe nationale de l'Assemblée des Premières Nations (APN) au Canada, Cindy Woodhouse Nepinak, alors que cette dernière va s’asseoir près de l’avocat et ex-politicien cri Wilton Littechild, pionnier du mouvement mondial de défense des droits des Autochtones, notamment en travaillant avec les Nations unies.

Comme de nombreux autres, Cheyenne Kitchikake se prend en photo dans la grande salle de l’ONU, alors que le son de flûtes et de tambours se fait entendre.

Des Autochtones d’Amérique du Sud arrivent, emmenant la délégation des membres de l'Instance permanente sur les questions autochtones en avant de la salle. Pendant ce temps, les représentants des États s’assoient.

Le message est clair, dit Cheyenne Kitchikake en regardant la salle, c’est pour qu’ils se souviennent de nous dans leur prise de décision et de ne jamais oublier que nous devons prendre soin de cette terre.

L’Instance débute par une cérémonie de bienvenue du chef traditionnel de la Nation Onondaga des États-Unis, Tadodah Sid Hill.

Sous un tonnerre d’applaudissements, la femme autochtone Mbororo du Tchad, Hindou Ouhmarou Ibrahim, est élue au poste de présidente de cette 23e session. Quelques minutes plus tôt, elle était arrivée main dans la main avec la leader inuk au Canada Aluki Kotierk.

Comme elles, 8 membres de l’Instance sont nommés par les peuples autochtones, les 8 autres, par les États. Ils sont assis à l’avant. Derrière, les États, de l’autre les organisations des peuples autochtones.

Un discours nécessaire

Hindou Ouhmarou Ibrahim a livré un discours qu’elle a qualifié de long, mais nécessaire. Celle qui a notamment été coprésidente du Forum international des peuples autochtones sur le changement climatique pendant quatre COP a d’abord lancé un appel vibrant à tous les participants.

Malgré les discriminations, nous devons prendre les devants. Nous devons nous battre chaque jour, chaque minute, chaque seconde. C’est ce que je ferai avec vous et je compte sur le soutien précieux de tous les membres du Forum pour qu’il contribue aux droits et au bien-être des peuples autochtones.

Cette année, le thème est : renforcer le droit des peuples autochtones à l'autodétermination dans le contexte de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones : mettre l'accent sur la voix des jeunes Autochtones.

Plus d’une centaine de jeunes délégués sont présents cette année et avec raison. Le thème de cette année est Renforcer le droit des peuples autochtones à l'autodétermination dans le contexte de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones : mettre l'accent sur la voix des jeunes Autochtones.

C’est la première génération qui aura connu un monde qui n’est pas exempt des effets des changements climatiques. [...] Ils vivent dans un monde de plus en plus violent et nous exhortent à rétablir la paix et la réconciliation, a précisé Hindou Ouhmarou Ibrahim.

Devant les représentants des États, elle n’a pas hésité à lancer que les droits de la personne et des peuples autochtones sont menacés par les États et les entreprises privées, évoquant l’accaparement des terres.

Elle a longuement parlé de l’intérêt et l’utilité pour tous de l’autodétermination, rappelant que les Autochtones sont les gardiens de la terre, les alliés les plus efficaces et les mieux placés dans la lutte contre le changement climatique.

Garantir le droit à l’autodétermination n’est pas une menace pour les États, mais bien un moyen de coopérer et de trouver une réponse aux crises, a-t-elle lancé en plaidant pour l’accès à un financement direct.

Le diplomate, leader paysan et ancien ministre bolivien, David Chjoquehuanca, a aussi reçu une belle ovation après avoir exigé que tous travaillent ensemble au nom de la jeune génération et des peuples ancestraux.

Le vice-président de l’État plurinational de Bolivie a notamment demandé à décoloniser la géopolitique et à placer la terre nourricière au cœur de la politique nationale et internationale.

La ministre des Peuples autochtones du Brésil, Sônia Guajajara, a promis, à la fin d'un discours où elle a dit que des avancées avaient été faites, mais des défis demeuraient, que le Brésil était prêt à entamer ce voyage. Hindou Ouhmarou Ibrahim a alors conclu: J'espère que tous les représentants des États seront des exemples que leurs gouvernements vont suivre.

Les caucus

La veille et l’avant-veille, des caucus se sont tenus entre Autochtones afin de discuter des problématiques et des ordres du jour. L’objectif était de se mettre d’accord sur les priorités et les recommandations à faire.

C’est une manière de travailler ensemble pour s’aligner sur les mêmes préoccupations. Il y a des caractéristiques par rapport à chaque communauté, mais les grandes problématiques sont partout les mêmes et ça donne du poids à ce qui va être fait, explique Amina Amharech, une militante amazighe au Maroc.

Les caucus sont aussi un bon moyen de former les nouveaux qui n’ont pas la connaissance, il y a toujours des initiations comme ça et cela permet aux organisations qui n’ont pas de visibilité de puiser dans ces réunions pour leurs déclarations officielles.

Trois heures avant l’ouverture de l’instance, dans les jardins des Nations unies, près du fleuve Hudson, une délégation canadienne d’une trentaine de personnes s’est réunie. Autour de l’ambassadeur canadien auprès des Nations-Unies, Bob Rae, et du ministre des Relations Couronne-Autochtones, Gary Anandasangaree, plusieurs Autochtones – dont une partie de la délégation jeunesse composée de membres de Premières Nations de Colombie-Britanique – ont fait une cérémonie pour accueillir les 10 jours de discussions qui, espèrent-ils tous, permettront de faire du progrès.

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