ÉLECTION PARTIELLE à MILTON : UNE LUTTE IMPORTANTE POUR BONNIE CROMBIE ET DOUG FORD

Qui ira représenter Milton à Queen’s Park? Si le résultat de l’élection partielle ne fera pas perdre à Doug Ford sa majorité, la lutte qui s’annonce serrée entre libéraux et progressistes-conservateurs donnera tout de même une indication sur l’avenir politique de cette ville moyenne à une heure de Toronto.

Les électeurs de Milton doivent remplacer Parm Gill, l’ancien ministre de la Réduction des formalités administratives, parti pour tenter une carrière à l’échelon fédéral avec Pierre Poilievre.

Ça va définir le ton de Milton, estime Christian Audet, habitant de Milton depuis 2007 et qui a déjà voté par anticipation pour Zee Hamid, le candidat du Parti progressiste-conservateur (PPC). Il pense que le résultat marquera politiquement les prochaines années. Milton va ouvrir sa voie, est-ce qu’on est bleu, rouge, vert, jaune?

Car en face, les libéraux, qui se sont trouvé une nouvelle cheffe en décembre, Bonnie Crombie, aimeraient bien signifier leur retour sur la scène politique ontarienne en arrachant un siège supplémentaire.

Si les conservateurs perdaient le siège, ça donnerait le message que la popularité de Doug Ford, qui n'est jamais très élevée, a des conséquences, analyse Geneviève Tellier, professeure en science politique à l’Université d'Ottawa, invitée de la matinale Y a pas deux matins pareils.

Peu d'enjeux à court terme, plus à long terme

À l’approche des élections provinciales de 2026, une victoire donnerait plus de poids aux libéraux pour incarner l’alternative dans l’espoir de revenir aux commandes qu’ils ont perdues en 2018. Or, depuis cette année-là, c’est le Nouveau Parti démocratique (NPD) qui forme l’opposition officielle, en devançant les libéraux.

Lors des élections de 2022, les progressistes-conservateurs l’avaient emporté avec 43 % des votes contre 38 % pour les libéraux dans cette circonscription. En additionnant les suffrages obtenus par le NPD et les verts, le total des voix des principaux partis d'opposition dépassait les 50 %.

Pour Christian Audet justement, l’issue de l’élection dépend si le vote est divisé ou non. Néanmoins, il croit à une victoire des progressistes-conservateurs à cause d’une fatigue des libéraux au niveau fédéral qui va peut-être avoir une influence.

Dans son cas, c’est le fait d’avoir la pire dette de l’histoire du Canada et le pire déficit qui l’incite à ne pas répliquer cela au niveau provincial.

Le scrutin ne menace pas la majorité de Doug Ford, relativise Geneviève Tellier, professeure en science politique à l'Université d'Ottawa. Même si le départ récent de deux anciens ministres de Doug Ford pose la question de comment bien s’entourer pour le premier ministre.

Pour Christian Audet, la question des transports, avec le projet d’autoroute 413 ou la faible fréquence des trains GO sont des sujets importants pour la prospérité de Milton. Des sujets sur lesquels Doug Ford a fait des annonces récemment.

D’autres sujets locaux sont clivants, comme le projet centre multimodal de la compagnie ferroviaire CN ou celui de carrière à Campbellville. Mais Christian Audet a comme l’impression qu’on ne veut pas trop en parler chez les candidats.

Les libéraux en campagne sur les services publics dégradés

Les libéraux pensent plutôt que ce sont les sujets provinciaux qui comptent : la santé et l’éducation. Fatma Said, bénévole de l’équipe de campagne de Galen Naidoo Harris, estime que les gens sont contrariés par les dernières politiques de Doug Ford et leur impact sur la province.

Selon le candidat, il est désormais plus difficile d’aller aux urgences et d’être reçu, nous avons des écoles avec 50 ou 60 préfabriquées, des classes de 35 ou 36 enfants.

Pour autant, je ne tiens rien pour acquis, ajoute-t-il, dans cette course qui s’annonce serrée. L’autre candidat a aussi du soutien, conçoit-il. Et il se garde de l’attaquer.

Certains auraient bien vu Bonnie Crombie tenter de se présenter, pour que la cheffe libérale puisse être présente à l'Assemblée législative. Mais cela aurait été risqué pour elle, car les conservateurs auraient sans doute un avantage, analyse Geneviève Tellier.

Sa base électorale est à Mississauga, dont elle a été mairesse pendant 10 ans et où elle pourrait avoir envie de se présenter.

Attendre la prochaine élection lui donne du temps pour faire le tour de la province, écouter les électeurs, peaufiner sa plateforme électorale, poursuit Geneviève Tellier. Mais cela l’empêche d’acquérir une certaine expérience et elle aurait pu donner la réplique à Doug Ford en préparation de 2026.

Au total, huit candidats et une candidate se présentent à cette élection.

Le candidat progressiste-conservateur Zee Hamid n’a pas répondu aux demandes d'entrevue de Radio-Canada pour ce reportage.

Avec les informations de Mathieu Simard

2024-05-01T09:39:08Z dg43tfdfdgfd