DES ENTREPRISES S’éQUIPENT D’UN BLACK HAWK POUR LUTTER CONTRE LES FEUX DE FORêT

L'entreprise nord-ontarienne Expedition Helicopter, située à Cochrane, a mis près d’un an pour démilitariser un Black Hawk, un ancien hélicoptère de l'armée américaine, et elle souhaite que cet engin serve à toutes les provinces du pays pour combattre les feux de forêt.

L’armée américaine retire progressivement les 5000 appareils de son parc d'hélicoptères, qui lui ont coûté jusqu’à 21 millions de dollars américains chacun. Ils se vendent maintenant entre 750 000 et 1,5 million de dollars chacun à l’encan.

Pour l’instant, il n'y a que trois autres Black Hawks appartenant à des entreprises canadiennes dans la région d’Ottawa et en Colombie-Britannique.

Il a fallu quasiment un an pour être capable de l’amener au Canada pour faire tout le travail. C’était un gros projet. C’était censé être un projet de trois mois, mais ça a pris un an, indique Todd Calaiezzi, le propriétaire d'Expedition Helicopter.

La quarantaine d’employés a tout mis sur pause pour assister à l’arrivée du Black Hawk derrière le garage de l'entreprise.

Le comité d’accueil comprend la mère du mécanicien Guy Narbonne, qui était le seul passager du vol ramenant le Black Hawk au Canada. Les deux autres personnes à bord étaient les pilotes.

C’est toute une expérience pour mon garçon, puis je voulais voir ça, s’émeut Lucille Narbonne, qui criait avec ses proches en le voyant débarquer de l'aéronef.

D'énormes sacrifices

Guy Narbonne, un Franco-Ontarien de la région, a multiplié les aller-retour vers les États-Unis au cours des 12 derniers mois pour suivre des formations pour en faire la réparation.

C’est la quatrième machine de la sorte au Canada. On est la deuxième compagnie approuvée à en posséder, a-t-il dit en sortant du vol.

On ne sait pas quand qu’il va y en avoir d’autres qui vont rentrer au Canada. C’est la chance d’une vie, s’exclame le mécanicien.

Le pilote d’hélicoptère Jean-Michel Dumont, un résident de Québec, partageait la même excitation.

L'an dernier, il a appris qu'une entreprise civile à Ottawa avait été la première à importer un Black Hawk au pays. Il a tout de suite pris le téléphone pour informer le propriétaire d'Expedition Helicopter qu'il souhaitait être son pilote, s'il en achetait.

M. Dumont a suivi ses cours à San Francisco dans la dernière année pour apprendre les moindres rudiments du Black Hawk, qui se pilote à deux.

Le Black Hawk, c’est un peu mythique parce que c’est l’hélicoptère que nous, les Canadiens, on ne pouvait pas toucher ou ne pouvait pas voler. C’est un aéronef militaire à la base, lance-t-il.

Guy Narbonne est comme un enfant dans un magasin de bonbons lorsqu’il montre l’hélicoptère aux femmes de sa vie : sa mère, sa femme et sa fille.

Il s'empresse d'ouvrir la vitre derrière les pilotes en affirmant que c'est exactement comme dans les films et il leur montre à cet endroit un autocollant confirmant le passé militaire de l'appareil.

Entente avec les provinces

Cochrane est un point stratégique important pour la lutte contre les feux de forêt, indique Jean-Michel Dumont.

Le fait qu’on soit ici, ça protège l’Ontario et le Québec plus rapidement. Une demi-heure, on est rendu en Abitibi et on peut leur porter secours, précise celui qui combat les incendies forestiers, même en hiver, en Amérique du Sud.

Le pilote a constaté que les provinces concluent des ententes de plus en plus à long terme pour pouvoir assurer l'utilisation prioritaire de ces appareils lorsqu'un incendie se déclare.

La réalité, c’est qu’il n’y en a probablement pas assez de ces hélicoptères-là au Canada, ajoute M. Dumont. Généralement, chaque province brûle l’une après l’autre. Tous les hélicoptères peuvent se déplacer de province en province, peu importe où ils sont basés.

L’an dernier, la situation a été fort différente, puisque l’Ouest canadien brûlait en même temps que l’Est.

Depuis la fondation de son entreprise en 1999, Todd Calaiezzi n’avait jamais vu pareille situation. Le gouvernement a pris les 20 avions de son parc et les a affectés aux feux de forêt.

Une machine construite pour des conditions extrêmes

Selon le mécanicien Guy Narbonne, le Black Hawk est beaucoup plus efficace que les véhicules les plus couramment utilisés.

Ces machines se déplacent pas mal plus vite et peuvent lever quasiment trois fois plus d’eau, lance-t-il.

La charge externe maximale est de 3600 kilogrammes. Il existe aussi [un réservoir] qu’on accroche en dessous de l'hélicoptère et puis on peut augmenter la charge à 4500 kilogrammes, ajoute Jean-Michel Dumont, en estimant qu’il pourrait transporter près de 2600 litres d'eau.

C’est une machine qui a été conçue pour travailler dans les pires conditions, explique-t-il.

Todd Calaiezzi souhaite avec cette nouvelle acquisition se développer une expertise pour combattre les flammes la nuit.

Durant la soirée, l’humidité monte. Les feux se calment et on a plus de succès à battre les feux le soir que durant la journée, conclut-il.

Ses pilotes ont déjà commencé à suivre la formation avec les lunettes infrarouges pour travailler dans la noirceur.

Des clients ont déjà réservé l'hélicoptère pour le transport de matériel vers des mines après la saison des feux de forêt.

On a deux clients qui attendent cet hélicoptère-là, dont une mine dans le nord du Québec. Faut être capable de transporter [...] toutes sortes d'affaires.

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