LE GRAND PATRON DE RIO TINTO N’A PAS D’éCHéANCIER POUR ELYSIS

Rio Tinto n’a toujours pas d’échéancier précis pour le déploiement à grande échelle de la technologie Elysis qui consiste à produire de l’aluminium sans émettre des gaz à effet de serre (GES), mais la multinationale assure que l’objectif est que le Saguenay-Lac-Saint-Jean bénéficie en tout point des retombées de cette technologie.

C’est ce qu’a déclaré le grand patron de la division Aluminium de Rio Tinto, Jérôme Pécresse, qui a témoigné mercredi soir devant le Comité permanent de l'industrie et de la technologie à Ottawa concernant le déploiement de la technologie Elysis.

Les gouvernements du Québec et du Canada ont investi 160 millions de dollars pour développer Elysis, dont 80 millions du fédéral.

Il a été invité à s’expliquer devant les membres du comité à la suite d’une motion présentée le 18 mars dernier à l’initiative des députés bloquistes de Jonquière et de Lac-Saint-Jean, Mario Simard et Alexis Brunelle-Duceppe, en raison du financement versé par le gouvernement fédéral à Rio Tinto et Alcoa pour le développement d’Elysis. Mario Simard espérait obtenir des réponses, notamment quant à un échéancier précis.

Jérôme Pécresse a soutenu qu’en 2024, les gouvernements financent à hauteur de 30 % le développement d’Elysis alors que le 70 % restant est financé par les partenaires de Rio Tinto et d’Alcoa. Lors du lancement d’Elysis en 2018, ces pourcentages étaient inversés.

Jérôme Pécresse s’est livré à l’exercice avec franchise devant les élus, mais à certains moments, il a été retenu dans ses réponses pour ne pas compromettre des secrets industriels liés à la fabrication d’aluminium sans production de GES qui est une méthode actuellement recherchée par plusieurs joueurs de l’industrie dans le monde. Il a d’ailleurs averti les députés qu’il ne pourrait répondre par moments à toutes les facettes d’une question.

Initialement, Elysis devait voir le jour en 2024, mais le projet a ensuite été repoussé en 2030. Aujourd’hui, l’échéancier demeure incertain et le grand patron de la multinationale a refusé de dévoiler un calendrier précis. La phase test est toujours en cours à l’usine d’Alma.

Nous réinventons la production de l’aluminium pour la première fois depuis 100 ans. Ce n’est pas facile. En 2030-2031 j’en serai où sur Elysis? Je n’en ai aucune idée, si je répondais autrement, je vous mentirais. On se lancera dans la construction d’usines de taille industrielle quand on sera convaincu que ça peut marcher à échelle, a répondu Jérôme Pécresse à une question formulée par le député de Jonquière.

Il a toutefois assuré que l’objectif était que cette production d’aluminium sans émission de GES se fasse dans la région. Selon M. Pécresse, Rio Tinto pourrait dévoiler les prochaines étapes à venir très bientôt. 

La bonne nouvelle, c’est qu’on a produit à une taille notable et que nous sommes sortis des laboratoires [...] Il faut le répéter à l’échelle des cuves réelles dans des quantités substantielles. Passer de 150 ampères à 450 ampères pour 2024. On travaille sur cette mise à l’échelle.

Le Saguenay de demain

Pour Rio Tinto et son patron de sa division Aluminium, le déploiement d’Elysis est incontournable pour les décennies à venir au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Sans avancer des chiffres, Jérôme Pécresse a mentionné que cela permettrait de consolider les emplois actuels.

À terme pour moi, Elysis, c’est construire le Saguenay d’après-demain. Le Saguenay est là aujourd’hui parce qu’il y a 100 ans, mes lointains visionnaires prédécesseurs ont construit des centrales hydroélectriques qui assuraient un avantage compétitif durable à la production d’aluminium au Québec pendant des décennies.

Aujourd’hui, on se rend compte que si on veut continuer dans ce métier, il faut que l’aluminium ait de moins en moins d’émissions de carbone [...] Si on arrive à le faire à échelle avec notre processus breveté, on va recréer cet avantage compétitif durable et reprendre un temps d’avance sur l’industrie, a-t-il détaillé à une question du député conservateur de Chicoutimi-Le Fjord, Richard Martel.

Concernant l’état de l’avancement du futur centre de billettes qui doit voir le jour à Alma, le grand patron de Rio Tinto assure que le projet n’a pas été abandonné et qu’il a dû être retravaillé en raison de dépassements de coûts.

J’ai bon espoir qu’on arrive à le faire dans des conditions qui font du sens pour tout le monde, a soutenu M. Pécresse.

Vendredi, la direction de l'entreprise rencontrera les cinq députés régionaux de la CAQ ainsi que d'autres élus pour faire le point sur les investissements régionaux.

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