LE TRAITé SUR LE PLASTIQUE DOIT INCLURE UN PLAFOND SUR LA PRODUCTION, DIT GUILBEAULT

OTTAWA — Un traité mondial pour mettre fin aux déchets plastiques doit inclure un plafond à la production de plastique, a déclaré mardi le ministre de l'Environnement canadien, Steven Guilbeault, alors que la quatrième ronde de négociations débutait à Ottawa.

Les preuves scientifiques démontrent que le seul moyen de maintenir le plastique hors de l'environnement est de réduire sa production, disent des groupes environnementaux.

L'un d'entre eux, Greenpeace, souhaite que l'accord prévoie une réduction de 75 % de la production de plastique d'ici 2040.

Les entreprises qui fabriquent du plastique affirment que les restrictions ne sont pas nécessaires, car les alternatives sont souvent plus chères et plus énergivores. 

Cette question avait monopolisé les discussions lors de la troisième ronde de négociations du traité au Kenya l'automne dernier.

M. Guilbeault avait hésité à prendre une position spécifique sur les plafonds de production, craignant de faire échouer les pourparlers d'Ottawa avant qu'ils ne commencent.

Mardi, ces inquiétudes semblaient être atténuées.

«Franchement, ce que j'ai entendu au cours des deux derniers jours de tables rondes ministérielles, c'est que les gens ne veulent pas seulement un accord, ils veulent un accord ambitieux», a affirmé M. Guilbeault.

Le Canada fait partie d’une coalition internationale qui abonde dans le même sens. Plus tôt ce mois-ci, elle a déterminé que de mettre fin aux déchets plastiques nécessiterait la mise en place de règles juridiquement contraignantes «pour limiter et réduire la consommation et la production de polymères plastiques primaires à des niveaux durables».

Les négociations à Ottawa sont les quatrièmes des cinq cycles prévus visant à mettre en place d'ici la fin de l'année un traité qui éliminerait les déchets plastiques d'ici 2040. On estime que plus de 350 millions de tonnes de plastique sont jetées chaque année. Plus d’un cinquième finit dans la nature, où il est nocif pour les humains et toutes les formes de vie.

L'Ocean Conservancy, une organisation basée aux États-Unis, rapporte que 11 millions de tonnes de plastique finissent dans les océans chaque année.

Le texte actuel du traité, élaboré lors du troisième cycle de négociations au Kenya l'automne dernier, comporte une section avec plusieurs options sur la manière de gérer la production.

Une d'entre elles – similaire à l’accord climatique de Paris sur les émissions de gaz à effet de serre – verrait chaque pays fixer des objectifs nationaux pour réduire sa production de plastique. Une autre suggère que la production ne doit pas du tout être restreinte tant que les déchets peuvent être gérés.

Sarah King, responsable de la campagne sur les plastiques et les océans chez Greenpeace Canada, convient qu'il est peu probable qu'un accord solide sur le plafonnement de la production soit conclu à Ottawa.

Elle espère que les parties accepteront d'avoir des discussions formelles entre l'événement d'Ottawa et la cinquième session de négociation en Corée du Sud en novembre. 

«Nous voulons simplement nous assurer que la réduction reste une option», a-t-elle déclaré. Le Canada, en tant que pays hôte, doit faire preuve de plus de leadership sur le sujet, a-t-elle ajouté.

«Nous avons besoin que le Canada défende les mesures les plus audacieuses, notamment la réduction de la production de plastique et la garantie que les objectifs de réutilisation et de réduction restent dans ce texte.»

Steven Guilbeault a précédemment mentionné qu'il aimerait qu'environ 70 % du texte du traité soit finalisé d'ici la fin des négociations à Ottawa la semaine prochaine.

Le député québécois est le ministre hôte des pourparlers, mais il ne dirige pas les négociations. Cette tâche revient à Luis Vayas Valdivieso, un diplomate équatorien qui a été choisi l'automne dernier pour présider les discussions sur le traité à Ottawa.

Il a dit mardi qu'il souhaitait que les négociateurs abordent la tâche à accomplir avec optimisme, responsabilité et intégrité, sur la base de la science.

«Nous sommes à un moment crucial de notre processus, a-t-il déclaré. Nous savons qu'il y a des difficultés, mais je suis convaincu que nous pouvons parvenir à avoir des compréhensions communes et à identifier les domaines de convergence.»

Mia Rabson, La Presse Canadienne

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