NORTHVOLT: PAS DE PROBLèME D'ACCEPTABILITé SOCIALE, SELON BENOIT CHARETTE

QUÉBEC — Il n'y a pas de problème d'acceptabilité sociale concernant le projet d'usine de batteries Northvolt, selon le ministre de l'Environnement, Benoit Charette.

En commission parlementaire mercredi matin, tous les députés de l'opposition ont questionné le ministre sur ce projet controversé promu par le gouvernement caquiste qui fait la manchette depuis des mois.

Ils se sont souvent butés à un mur, le mutisme du ministre, qui refusait de répondre à bien des questions parce que le dossier est devant les tribunaux.

«On a un problème d'acceptabilité sociale», a plaidé la députée Alejandra Zaga Mendez, de Québec solidaire (QS), pour réclamer la tenue de consultations du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE), afin de répondre à toutes les questions des citoyens.

«Le projet est largement appuyé, je ne pense pas qu'il y a un problème d'acceptabilité sociale», a répondu M. Charette, en évoquant des sondages. 

«Je pense que le projet est bien reçu dans le milieu qui l'accueille», a-t-il insisté.

Il a laissé entendre qu'on a donné beaucoup de tribunes et d'espace aux opposants. 

«Il y a des gens qui se questionnent, qui peuvent être inquiets, c'est très légitime dans une démocratie, mais il y a peut-être une voix prépondérante qui a été donnée à ces gens-là par rapport à la réalité.»

Il a toutefois reconnu que «ça demeure difficile d'évaluer l'acceptabilité sociale».

Réduction des GES

Le député péquiste Joël Arseneau a demandé au ministre s'il avait des études qui confirmaient que l'usine, grâce à sa production de batteries, permettra d'aider le Québec à atteindre ses objectifs de réduction d'émissions de gaz à effet de serre (GES).

«Ce que je comprends, c'est que vous n'avez absolument aucune étude, c'est une opinion que vous émettez» (selon laquelle Northvolt aidera le Québec à atteindre ses objectifs de décarbonation), s'est interrogé le député des Îles-de-la-Madeleine.

«Il n'y a personne qui peut prouver hors de tout doute qu'il y a un avantage sur le plan d'atteindre nos objectifs de décarbonation?» 

M. Charette a assuré que le Québec allait produire les batteries les plus vertes du continent nord-américain, grâce notamment à son hydro-électricité qui alimentera l'usine, grâce aussi à sa réglementation plus stricte que dans d'autres pays. 

«Je sais dans quelles conditions ces batteries sont faites» en Asie, encadrées par des réglementations plutôt laxes, et avec de l'électricité provenant de centrales au charbon, a fait valoir le ministre.  

«Au final, les batteries de la filière québécoise seront parmi les plus vertes au monde, a-t-il soutenu. La batterie québécoise aura un impact (environnemental) moindre.» 

Un projet controversé

Estimé à 7 milliards $, le projet d'usine de Northvolt est considéré comme étant le plus important investissement privé de l'histoire du Québec. L'entreprise recevra 2,7 milliards $ de fonds publics pour construire son usine. 

Son implantation est prévue sur un immense terrain de 172 hectares à cheval entre McMasterville et Saint-Basile-le-Grand, en Montérégie. 

On y fabriquera des cellules de batteries, des matériaux de cathodes, et on y fera du recyclage.

Une saga judiciaire est en cours pour bloquer le projet. La Cour supérieure avait refusé d'accorder une injonction au Centre québécois du droit de l'environnement (CQDE) et des trois citoyennes qui visait Northvolt.

Ils faisaient notamment valoir que le ministère de l’Environnement avait autorisé Northvolt à débuter les travaux sur le terrain sans connaître précisément l’impact sur la biodiversité, et sans que Northvolt présente un plan de compensation détaillé.

En avril, le CQDE et les trois citoyennes sont revenus à la charge devant la Cour supérieure. 

Cette fois, ils contestent une modification réglementaire qui a permis l'autorisation du projet Northvolt sans la tenue d'un BAPE. 

Le Règlement relatif à l'évaluation et l'examen des impacts sur l'environnement de certains projets a été modifié de façon à éviter une évaluation du BAPE aux usines de batteries qui produisent 60 000 tonnes métriques ou moins.

Or la capacité de production de l'usine serait de 56 000 tonnes métriques.

Patrice Bergeron, La Presse Canadienne

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