PLASTIQUE: UN PLAFONNEMENT DE LA PRODUCTION SERAIT TROP COMPLIQUé, SELON GUILBEAULT

OTTAWA — Le ministre fédéral de l'Environnement, Steven Guilbeault, affirme que le monde peut résoudre le problème du plastique sans insister sur un plafonnement strict dans la production.

M. Guilbeault affirme que les négociations sur un traité visant à mettre fin aux déchets plastiques progressent bien et il est convaincu qu'un accord sera conclu cet automne lors des négociations finales en Corée du Sud.

Le plafonnement de la production figure parmi les mesures envisagées les plus ambitieuses.

Le ministre de l'Environnement a déclaré qu'il était nécessaire d'imposer certaines limites, notamment en interdisant certains plastiques à usage unique et les produits chimiques les plus toxiques utilisés pour leur fabrication. Il a ajouté que le Canada «n'est pas opposé à une réduction de la production».

«Mais je ne sais pas comment nous procéderions, a-t-il dit en entrevue. Et je pense qu'il existe d'autres moyens d'atteindre un tel objectif sans passer par ce qui pourrait être un processus très difficile et peu pratique.»

Il estime qu’un plafond précis et juridique sur la quantité de plastique produite dans le monde est probablement trop compliqué à concevoir et à appliquer.

«Je ne pense pas que nous ayons fait suffisamment de travail collectivement pour pouvoir y parvenir, a-t-il déclaré. Je ne sais pas comment nous pourrions rendre cela opérationnel.»

«Si, par exemple, nous devions nous mettre d'accord sur un plafonnement de la production du plastique [...] comment pourrions-nous appliquer cela à l'échelle mondiale ? Devrions-nous proposer un système de quotas ? Chaque pays réduirait-il volontairement sa production de 10 % ?»

Selon lui, si les négociateurs acceptent d'interdire certains plastiques à usage unique et difficiles à recycler et d'exiger une quantité minimale de matériaux recyclés dans les nouveaux produits, cela éliminera de manière organique le besoin de fibres plastiques vierges.

De nombreux groupes environnementaux affirment que, même si de telles politiques sont utiles, la seule manière de mettre réellement fin à la pollution plastique est de réduire la quantité de plastique disponible.

Les groupes industriels soutiennent que les solutions de rechange au plastique sont généralement plus coûteuses et nécessitent plus d’énergie pour être fabriquées.

Le Canada a commencé à interdire progressivement les articles en plastique à usage unique en 2022, en débutant par les pailles, les sacs d'épicerie, les couverts, les contenants à emporter, les bâtonnets à café et les anneaux pour les contenants de six boissons.

Cependant, cette politique est remise en doute depuis que les fabricants de plastique et les entreprises chimiques canadiennes ont fait valoir devant les tribunaux que le gouvernement avait été trop large en déclarant que tous les plastiques étaient toxiques.

En vertu de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement, cette désignation est requise pour une interdiction. Le gouvernement fait appel de la décision, mais il devra potentiellement être plus précis sur les types de plastiques qu'il considère comme toxiques.

M. Guilbeault a promis d'adopter des normes exigeant une quantité minimale de matières recyclées dans les produits en plastique, réduisant ainsi la quantité de nouveau plastique requise et créant un nouveau marché pour les matières recyclées.

En 2020, le Canada a produit plus de 7,1 millions de tonnes de plastique, dont seulement 5 % étaient des matériaux recyclés. Près de cinq millions de tonnes de déchets de plastique en ont résulté, dont moins de 10 % ont été recyclés.

Greenpeace Canada, qui exige une réduction de 75 % de la production de plastique par rapport aux niveaux de 2019 d'ici 2040, a été consternée par les commentaires de Stephen Guilbeault.

Sarah King, responsable de la campagne sur les plastiques de Greenpeace, a affirmé que M. Guilbeault était en désaccord avec le public et les scientifiques. «Le Canada a un travail à accomplir, et celui-ci consiste à soutenir des mesures fortes sur tous les plans, et non à les affaiblir.»

Anja Brandon, directrice associée de la politique en matière de plastique aux États-Unis chez Ocean Conservancy, a stipulé que la réduction de la quantité de plastique produite est essentielle pour contrôler la pollution.

«Nous ne pouvons absolument pas faire avancer les choses sur cette question sans commencer par une réduction», a-t-elle déclaré. 

«Tous les modèles scientifiques - et il y a eu de très nombreux modèles jusqu'à présent - ont montré que si nous voulons lutter contre la crise de la pollution plastique pour le bien de nos communautés océaniques, de la santé publique, de la santé humaine, etc., nous devons commencez par des réductions pour fabriquer et utiliser moins de plastiques à usage unique.»

La Presse Canadienne

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