UN éVéNEMENT INCONTOURNABLE à 3 JOURS D'UN RECORD

70 %

Une nouvelle date vient de s'inscrire dans le grand livre de cette tradition, et c'est tout près d'un record : le 17 avril 2024. Pour utiliser l'expression consacrée : « le lac a calé ». Rappelons que pour faire cette annonce, au moins 70 % de sa glace doit avoir disparu. Selon le site departdesglaces.org, la mesure d'une telle date n'a pas toujours été faite avec autant de précision qu'aujourd'hui. Jusqu'aux années 50, un citoyen armé de grosses jumelles scrutait l'étendue de glace et d'eau libre pour officialiser la date. Évidemment, l’emplacement de l'observateur en question pouvait avoir une énorme influence sur son évaluation, car il lui était impossible de voir le lac au complet.

Évaluation aérienne

Depuis les années 70 environ, des aviateurs survolent le lac pour évaluer la proportion de glace restante avec beaucoup plus de précision. Il va de soi que cette tâche revient aux pilotes d'avion. Le lac Saint-Jean a longtemps été un point de relais et de ravitaillement pour les hydravions en route vers le nord. Il était donc crucial pour les pilotes de savoir s'ils pouvaient y amerrir en toute sécurité.

Une expression trompeuse

L'expression « le lac est calé » est purement québécoise, et son origine n'est pas parfaitement claire. Selon une légende, des gens misaient sur la date de la disparition des glaces sur le lac. Pour déterminer ce jour avec précision, ils stationnaient une voiture sur la glace. Quand la voiture calait, la date était atteinte. Cette hypothèse est peu crédible, car non seulement le barème pour la mise se serait avéré coûteux, mais après quelques années, le lac se serait rempli de carcasses de voitures. L'explication plus vraisemblable est que certaines fois, la glace disparait tellement vite du lac que celle-ci semble s'alourdir et caler au fond du lac. La glace reste toujours moins dense que l'eau, évidemment. Au printemps, elle se fragmente souvent en cristaux, sous forme d'aiguilles. Par grands vents, cette structure se désagrège. Le contact entre la glace et l'eau est alors multiplié, et la glace fond rapidement.

Tout près du record

Cette fonte de la glace du lac Saint-Jean représente presque un nouveau record. C'est habituellement lors de la deuxième semaine de mai que l'on peut déclarer le lac libre de glace. C'est donc plus de trois semaines plus tôt que la moyenne du 8 mai. Les températures plus douces que la moyenne durant l'hiver, mais surtout une première moitié du mois de mars exceptionnellement douce expliquent cette fonte très hâtive. Les températures dans la région ont été 4° plus élevées que la moyenne entre le 1er mars et le 15 avril. Notons que c'est la deuxième fois en quatre ans que le record est menacé. En 2021, la fonte avait été déclarée le 16 avril, la date la plus hâtive depuis 1945. En 2022, on avait retenu la date du 13 mai, et en 2020, le 12 mai, soit deux dates presque exactement selon la moyenne. Le record du 14 avril datant de 1945 demeure donc en haut du palmarès. L'évaluation était-elle assez précise à l'époque? Le débat est ouvert ...

Avec la collaboration de Patrick Duplessis, météorologue.

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