COMMENT OBTENIR UNE PLACE DANS UNE COOPéRATIVE DE LOGEMENTS

Avec leurs loyers abordables, pas surprenant que les coopératives de logements soient de plus en plus populaires. Voici des conseils pour augmenter vos chances d’être choisi.

Gabrielle Anctil est l’auteure de Loger à la même adresse (XYZ, 2023), un essai sur les modes d’habitation qui sortent des sentiers battus. 

Des appartements à prix abordable, desquels il est presque impossible de se faire évincer, cela semble trop beau pour être vrai en pleine crise du logement. Et pourtant, ça existe. Ils se trouvent dans les quelque 1 300 coopératives d’habitation réparties dans la province, dont la taille varie du simple triplex jusqu’aux bâtisses de dizaines de logements. Les places y sont très convoitées ! Surtout que, contrairement à la croyance populaire, elles ne sont pas toutes réservées aux gens à faible revenu. Avec quelques stratégies, il est néanmoins possible d’améliorer ses chances d’être choisi.

Pourquoi les loyers sont bas

Toutes les coopératives ont une chose en commun : leur objectif n’est pas d’être lucratives. Alors qu’un propriétaire d’immeuble souhaitera généralement tirer un profit de son bien, une coop vise uniquement à offrir un logement aux gens qui y résident. Pas question d’enrichir qui que ce soit — seulement mettre un toit sur des têtes.

Les économies viennent aussi du fait que pour vivre en coopérative, il faut donner de son temps. Les membres doivent, ensemble, s’occuper de la gestion et de l’entretien du lieu. Il est attendu de tous ceux qui y résident qu’ils offriront une poignée d’heures à la communauté chaque mois, pour repeindre un mur commun, déneiger les escaliers, gérer les finances ou résoudre les conflits. Ce travail, au final, vient « payer » la réduction de loyer. 

Le coût du loyer en coop se situe généralement entre 75 % et 95 % du loyer médian, selon la Confédération québécoise des coopératives d’habitation. Une coop de Rimouski propose par exemple un trois et demie à 690 $/mois et un quatre et demie à 800 $/mois, soit des économies de 100 $ à 200 $ par mois au bas mot, comparativement à ce qu’on trouve sur le marché locatif « ordinaire ».

Si les relations sont harmonieuses avec ses voisins, on pourra se prêter une tasse de sucre, un robot culinaire, voire partager une machine à laver — encore des occasions d’épargner. 

Comment améliorer ses chances d’obtenir une place

Le nombre de logements étant limité, on se bouscule au portillon pour obtenir une place en coop. La plupart ont une liste d’attente ; la coop de Rimouski citée plus haut compte plus d’une centaine de noms sur la sienne. Mais les attributions de logements ne fonctionnent habituellement pas sur le principe du premier arrivé, premier servi. Lorsqu’un appartement de trois chambres se libère, par exemple, on l’offrira à une famille plutôt qu’à une personne seule.  

Suivre ces quelques conseils peut aussi augmenter vos chances d’être l’heureux élu. 

1

Assurez-vous que ce modèle est pour vous 

La première chose à faire, c’est de s’informer sur ce type d’habitation. Car au-delà des loyers abordables, le mode de vie coopératif diffère de ce à quoi la moyenne des gens est habituée. Plus vous en saurez sur ce modèle, mieux vous serez préparé pour l’entrevue de sélection. La Confédération québécoise des coopératives d’habitation (CQCH) offre régulièrement des formations en ligne gratuites.

2

Repérez les coopératives qui vous intéressent

On trouve sur le site de la CQCH les coordonnées de plus de 500 coopératives situées un peu partout au Québec, et une liste presque aussi longue sur celui de la Fédération de l’habitation coopérative du Québec (FHCQ). Cette étape vous permettra de réfléchir à vos besoins, car chaque coop a ses caractéristiques propres. Certaines sont destinées aux familles, d’autres n’acceptent pas les animaux, d’autres encore sont dans un quartier qui vous plaît peut-être moins. Évidemment, plus vous en sélectionnez, plus vous augmentez vos chances de dénicher un logis.

3

Multipliez les demandes… et vendez-vous

C’est le moment de remplir le formulaire de demande de logement (certaines coops ont le leur), que vous accompagnerez, idéalement, d’une lettre de motivation. C’est dans ces documents que vous vanterez vos compétences — pourquoi seriez-vous le voisin idéal ? Creusez dans votre passé pour trouver toutes les expériences qui vous distingueront, particulièrement celles qui prouvent votre capacité à vivre en communauté, comme l’année où vous avez fait partie du C.A. de la banque alimentaire locale, ou le comité de citoyens que vous avez lancé pour organiser un party de ruelle. Mettez vos compétences et votre personnalité en valeur, comme vous le feriez pour obtenir un emploi. 

Vous remarquerez dans ce formulaire une question concernant votre revenu annuel. Il s’avère que le chiffre que vous inscrirez dans la case importe peu — sauf si vous voulez accéder à un logement subventionné par un programme provincial, comme en offrent certaines coops à des gens à faibles revenus. Autrement, le désir de s’engager dans la gestion de la communauté pèse bien souvent plus lourd dans la balance au moment de la sélection, comme le démontrent les critères de sélection présentés par la CQCH.

4

Misez sur les compétences recherchées 

Comment voudrez-vous vous impliquer ? La question est cruciale, car « l’esprit coopératif » est un critère majeur au moment de la sélection. Le comité chargé du verdissement extérieur est, sans surprise, bien plus populaire que celui qui s’occupe de balancer les comptes. Si, dans le formulaire, vous vous proposez pour faire la comptabilité ou que vous décrivez vos talents manuels, vous deviendrez automatiquement plus attrayant. Si vous tenez vraiment beaucoup à obtenir une place, pourquoi ne pas ajouter une corde à votre arc en suivant quelques cours dans un domaine recherché ? 

Au moment d’envoyer une copie de votre dossier de candidature, assurez-vous d’avoir bien noté les diverses procédures à suivre, qui varient d’une coopérative à l’autre. Certaines, par exemple, privilégient un envoi par la poste, d’autres par voie électronique. Croisez ensuite les doigts pour être appelé en entrevue de sélection.

5

Pensez au bouche-à-oreille

Si vous avez des amis qui résident dans une coop, dites-leur que ce mode de vie vous intéresse. La sélection se fait en effet souvent par le bouche-à-oreille. Ces amis pourront aussi vous aviser lorsqu’une place se libérera dans leur immeuble.

6

Gardez votre dossier à jour

N’oubliez pas non plus de mettre votre dossier à jour si les circonstances changent — naissance d’un petit dernier, par exemple —, ce qui pourrait vous rendre admissible à un autre type de logement.

7

Soyez patient et impliquez-vous dans votre communauté

Là commence le jeu de patience, car il peut s’écouler des années avant que vous parveniez à vous tailler une place en coopérative. Sans surprise, les gens qui y accèdent y demeurent généralement de longues années. Entre-temps, vous pouvez en profiter pour vous impliquer dans votre quartier — en faisant du bénévolat dans un organisme communautaire, par exemple —, ce qui pourrait vous permettre de connaître des gens qui sont déjà en coop. Sans compter que ce type d’engagement paraît plutôt bien dans un dossier de candidature…

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