QS ET LE PQ PROPOSENT D’UTILISER LE FONDS VERT POUR SAUVER LE TRANSPORT COLLECTIF

Québec solidaire (QS) et le Parti québécois (PQ) suggèrent de se servir de la somme de 1,7 milliard de dollars qui « dort » dans le Fonds d’électrification et de changements climatiques – autrefois connu comme le Fonds vert – afin de réduire le manque à gagner des organismes publics de transport en commun (OPTC).

Il y a assez d'argent là pour régler une partie de la facture et éviter des coupures, a plaidé le chef parlementaire de QS, Gabriel Nadeau-Dubois, lors d'une mêlée de presse organisée vendredi avant-midi près de la station de métro Berri-UQAM, à Montréal. Le PQ avait suggéré la même chose, la veille, au Salon bleu.

Une telle solution, selon M. Nadeau-Dubois, laisserait le temps à toutes les juridictions impliquées d'avoir des discussions sur un modèle de financement à long terme pour le transport collectif.

Nous, on n'a pas la prétention d'avoir toutes les solutions pour les 20 prochaines années, mais la première étape, c'est quoi? C'est au moins de s'assurer qu'il n'y ait pas de coupure de service en 2025, a fait valoir le co-porte-parole de QS aux côtés de son collègue député Étienne Grandmont.

Interrogée à ce sujet en entrevue à Midi info, la ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault, a répliqué qu'elle souhaitait d'abord attendre le résultat des audits de performance des OPTC et de l'Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) qu'elle a demandés avant de prendre une décision.

Elle a aussi souligné que le Fonds vert était géré par son collègue ministre de l’Environnement, Benoit Charette, dont le cabinet a fait savoir à Radio-Canada, de la même manière, qu'il allait attendre de recevoir la révision des audits de performance [...] avant de [se] prononcer sur les prochaines étapes.

Livrer des projets plutôt que ramasser des factures

Le gouvernement Legault et les municipalités sont engagés dans un bras de fer depuis l'automne dernier au sujet du financement des services de transport collectif – dans le Grand Montréal, surtout, où le déficit anticipé pour 2025 avoisine les 560 millions de dollars, mais aussi dans les régions du Québec.

Le ton a toutefois monté d'un cran mercredi, lors de l'étude des crédits du ministère de Mme Guilbault, quand cette dernière a souligné que gérer le transport collectif et les sociétés de transport ne faisait pas partie de la mission de l'État québécois. Chacun gère sa fougère, a-t-elle déclaré.

Ces propos ont généré leur lot de critiques, notamment de la part de la mairesse de Montréal, Valérie Plante, mais aussi de la part du maire de Québec, Bruno Marchand, qui a déclaré qu'il n'avait « pas confiance » en la ministre, parce qu'elle n'avait pas de vision en matière de mobilité durable.

Mme Guilbault a depuis précisé que le rôle du gouvernement n'était pas de gérer, mais bien de soutenir les OPTC sur le plan financier.

Le gouvernement Legault et le maire Marchand sont à couteaux tirés depuis plusieurs mois. Ce dernier reproche à la CAQ d'avoir balayé du revers de la main sa proposition de désigner la Ville de Québec comme maître d'œuvre dans le projet du tramway pour confier le dossier à la Caisse de dépôt et placement.

En commission parlementaire, mercredi, la ministre Guilbault s'est justifiée une fois de plus en soulignant qu'aucune soumission n'avait été déposée lorsque l'appel d'offres a pris fin, l'automne dernier.

Le Parti conservateur du Québec (PCQ), de son côté, a fait savoir vendredi qu'il était d'accord avec la ministre pour dire que la gestion du transport en commun n'était pas une mission de l’État québécois.

Soulignant qu'il n'était pas un fan de la CAQ ni de Geneviève Guilbault, son chef, Éric Duhaime, a reconnu que cette dernière [avait] raison dans ce dossier.

Le transport en commun est un service essentiel pour les citoyens, mais il est important de responsabiliser les administrations municipales pour qu'elles en assurent une gestion responsable et efficiente, a fait valoir le PCQ par communiqué.

C’est absurde que des maires et mairesses soient incapables de gérer les finances, et qu’après ils se tournent vers le gouvernement pour mendier plus d’argent , a déclaré M. Duhaime.

Le premier ministre Legault, la veille, avait lui aussi soutenu qu'il était toujours plus facile [pour les maires] d'aller quêter à Québec que d'aller faire le ménage dans leurs dépenses, des propos que Gabriel Nadeau-Dubois a interprétés vendredi comme une insulte envers les élus municipaux.

En entrevue à Midi info, la ministre Guilbault a expliqué qu'elle préférait développer le transport collectif pour faire croître la demande à long terme plutôt que de financer des opérations quotidiennes sur lesquelles elle n'a aucun contrôle.

Il faut être capable de livrer des projets, a-t-elle soutenu au micro d'Alec Castonguay. La vision [du gouvernement], ce n'est pas de ramasser des factures de déficits, [c'est] de prendre enfin le contrôle du destin du transport collectif au Québec.

Face au déficit anticipé des OPTC, les 82 maires de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) ont soumis trois scénarios à la ministre Guilbault. Tous prévoient d'augmenter la taxe d'immatriculation des automobilistes, qui pourrait passer de 60 $ à 120 $, voire à 180 $ et même à 228 $.

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