LA C.-B. DEMANDE à SANTé CANADA DE RENDRE ILLéGALE LA PRISE DE DROGUES EN PUBLIC

VANCOUVER — La Colombie-Britannique se prépare à interdire la consommation de drogues en public dans la plupart des cas, une modification importante de son projet pilote de décriminalisation qui, selon le premier ministre, aurait dû être réfléchie depuis le début.

La province a fait une demande «urgente» à Santé Canada pour modifier l'exemption de la Colombie-Britannique vis-à-vis de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances, afin de donner à la police le pouvoir d'intervenir lorsqu'elle constate une consommation de drogues illicites dans les espaces publics, y compris à l'intérieur des hôpitaux, des transports en commun et dans les parcs.

Le premier ministre David Eby a déclaré vendredi lors d'une conférence de presse que la police avait besoin d'outils pour faire face à des circonstances extraordinaires dans lesquelles des personnes compromettent la sécurité publique en consommant de la drogue.

Il a déclaré que lorsque le projet de décriminalisation a été présenté pour la première fois, il avait principalement pour but de combattre la stigmatisation des personnes qui consomment des drogues et leur réticence à demander de l’aide.

«Maintenant, on voit avec le recul que la police a besoin de ces réglementations. Et je pense que les objectifs de minimiser la stigmatisation, d'encourager et de fournir la possibilité aux gens de demander de l'aide, étaient des objectifs importants et cruciaux qui éclairent encore notre politique aujourd'hui», a-t-il déclaré. 

Décriminaliser quand même

Le plan de décriminalisation est un projet pilote de trois ans qui a été adopté le 31 janvier 2023 et qui donne une exemption aux personnes en possession de petites quantités d'opioïdes, notamment d'héroïne et de fentanyl, ainsi que de cocaïne, de méthamphétamine et de MDMA, soit une quantité de 2,5 g ou moins.

Le gouvernement a déclaré que le changement ne recriminaliserait pas la possession de drogue dans les maisons privées ou dans les lieux où une personne se réfugie légalement, ainsi que dans les sites de prévention des surdoses et les lieux dotés de services de contrôle des drogues.

Le revirement du gouvernement provincial fait suite à des critiques répétées de la part de politiciens, de travailleurs de la santé et de la police concernant ce projet, notamment en ce qu'il permettait la consommation ouverte de drogues dans les espaces publics.

Tentative échouée

La province avait tenté de rendre illégale la consommation de drogues dans les lieux publics avec sa propre législation, mais l'Association des infirmiers et infirmières en réduction des méfaits avait contesté le projet de loi devant les tribunaux.

Le juge en chef Christopher Hinkson a statué en décembre que si les lois étaient adoptées, «un préjudice irréparable serait causé».

M. Eby a donc demandé que les changements soient apportés par Santé Canada.

«La résolution de cette question judiciaire pourrait prendre plus d'un an et nous ne pouvons pas nous permettre d'attendre. Nous devons agir maintenant», a-t-il expliqué.

«J'en ai parlé au premier ministre, a-t-il ajouté. Il m'assure que le gouvernement fédéral apportera son plein soutien pour garantir que la police dispose des outils dont elle a besoin.»

M. Eby a déclaré qu'il était possible que le gouvernement soit confronté à une autre contestation judiciaire en réponse à ces changements, mais il pense que le risque est faible.

«Pour que cela aboutisse, le tribunal devrait conclure que l'ensemble de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances au niveau fédéral était inconstitutionnelle», a-t-il déclaré.

Les changements signifieraient que des directives seraient données à la police pour «n'arrêter» les personnes pour simple possession que dans des «circonstances exceptionnelles».

Combattre la crise

La cheffe adjointe de la police de Vancouver, Fiona Wilson, a déclaré lors de l'annonce que la décriminalisation devait faire partie d'une stratégie plus large visant à résoudre la crise de la drogue dans la province.

«Nous avons entendu haut et fort les policiers de première ligne qui continuent de constater les conséquences néfastes de la consommation publique incontrôlée de drogues sur la sécurité et le bien-être des quartiers», a-t-elle déclaré.

«Et les retours ont été sans équivoque: la consommation publique est un problème important qui doit être résolu, et des changements majeurs sont nécessaires.»

Le maire de Vancouver, Ken Sim, a déclaré dans un communiqué qu'il félicitait le gouvernement d'avoir pris ces mesures.

«Les changements apportés aujourd’hui rendront effectivement illégale la consommation publique de drogues et fourniront à la police de Vancouver de véritables outils pour maintenir la sécurité publique. Ce changement s'aligne sur le travail essentiel que nous avons déjà entrepris avec les gouvernements fédéral et provincial pour lutter contre la consommation de drogues dans les lieux publics, en particulier autour des terrains de jeux, des jeux d'eau, des plages et des terrains de sport.»

Le chef de l'opposition unie de la Colombie-Britannique, Kevin Falcon, et sa porte-parole en matière de santé mentale et de toxicomanie, Elenore Sturko, ont publié une déclaration commune qualifiant la décision du gouvernement de «tentative désespérée de sauver une politique défaillante».

La Presse Canadienne

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